Auto: comment nous sommes en train de perdre notre liberté de rouler…

Commençons par le synopsis de cet ouvrage qui pointe du doigt «la folie du tout-électrique voulu par l’Europe» en 2035.
 
«L’automobile, symbole de liberté et d’émancipation, est aujourd’hui menacée. Sous couvert de transition écologique, les contraintes n’ont cessé de s’accumuler pour les conducteurs: flambée des prix, restrictions de circulation dans les centres-villes, incitations coercitives à passer à l’électrique...
Pourtant, malgré les injonctions culpabilisantes, la voiture demeure une nécessité pour une majorité de Français, notamment hors des grandes métropoles. François-Xavier Pietri s’interroge sur les fondements de cette politique répressive et en analyse les conséquences délétères.
S’appuyant sur de nombreuses données factuelles, il révèle la fragilité économique et sociale du tout-électrique et montre comment ces choix précipités sacrifient toute une filière industrielle sur l’autel d'un volontarisme vert obstiné.
L'auteur plaide pour une autre voie, celle d'une transition automobile raisonnée et pragmatique, soucieuse de concilier les enjeux écologiques avec notre pouvoir d'achat. Il propose des pistes concrètes pour rendre l'automobile à nouveau accessible au plus grand nombre, tout en répondant aux défis environnementaux.
Un essai qui nous invite à repenser notre rapport à la mobilité individuelle. Un appel vibrant à ne pas sacrifier cette liberté fondamentale. Rendez-nous la voiture!» Voilà donc le résumé de ce livre.
 

Et il est loin d’avoir tort François-Xavier Pietri. A La Réunion on le constate sans doute un peu moins, mais en métropole, la recrudescence des «zones à faible émission» pose problème pour de nombreuses voitures qui sont donc exclues de ces zones, et leurs propriétaires ne peuvent plus aller déposer leurs enfants à l’école ou aller travailler en voiture, ce qui est handicapant à plus d’un titre. Dans son ouvrage, il parle notamment de la région parisienne où «600 000 voitures particulières et 50 000 utilitaires vont se voir interdire de circuler dans le Grand Paris»!
 

Ecologie punitive

Et sur cette volonté politique européenne du tout-électrique à l’horizon 2025, l’auteur est très critique. Extraits.
«L’interdiction suprême, et la plus folle, est celle imposée le 14 juillet 2021 par les «experts» de Bruxelles. L’oukase qui interdit la vente de voitures thermiques et impose à tous l’électrique en 2035. Dans «Voitures électriques, ils sont devenus fous!» (NDLR : paru en 2022), j’avais dénoncé cette incroyable décision. Deux ans plus tard, les risques de dégâts industriels et sociaux que je mettais alors en évidence, se confirment.
D’ailleurs, l’Europe est le seul grand continent dans le monde à avoir pris un parti aussi radical et aussi stupide. Ni les Etats-Unis, ni la Chine n’ont versé dans cet excès insensé… 
La voiture électrique va devenir le plus grand recul industriel du 21^ème siècle, sur décision de quelques technocrates adoubés par nos gouvernants, au nom d’une écologie punitive…
Longtemps outil d’émancipation et d’autonomie, héritage précieux du 20^ème siècle, l’automobile est devenue un bien sous contrainte…
Dès lors n’est-il pas urgent de remettre en question ce dogme d’une automobile forcément polluante et d’ouvrir des perspectives conciliant le pragmatisme écologique avec le maintien de cette indispensable liberté de circuler?»...
 

François-Xavier Piétri, à juste titre, s’insurge également contre l’autonomie annoncée des voitures électriques avec la formule magique censée convaincre «Autonomie jusqu’à tant de kilomètres», et sur ce sujet, pour avoir essayé plusieurs modèles électriques, nous confirmons ce qu’il écrit: «… entre les promesses et la réalité quotidienne, ce n’est pas une modeste montagne qui se dresse mais un Everest…. L’autonomie n’est jamais garantie…»
Et l’auteur cite plusieurs exemples, suite à des tests effectués par notre confrère L’Automobile Magazine en 2023, montrant qu’il y a une grande différence entre l’écrit et la pratique: «Dès le premier tour de clé, il faut penser à la prochaine recharge. Un vrai bonheur. On vous déconseille fortement les week-ends prolongés!» 
 
Nous rajouterons que si vous sortez la nuit à La Réunion avec une autonomie réduite, vous aurez du mal à rentrer chez vous, les bornes de recharge étant insuffisantes et souvent hors service!
 

Vers un report de l'horizon 2035?

Dans son livre, le journaliste évoque également la production des voitures électriques qui est «assortie à une dette carbone non négligeable: de 5 à 15 tonnes en équivalent CO2, selon les modèles et la taille des batteries, une dette carbone deux à trois fois supérieure que pour un modèle thermique». Il insiste également sur les prix excessifs de ventes des électriques, il reconnaît toutefois qu’à l’usage, la voiture électrique sera moins polluante.
 

François-Xavier Piétri cite également Thierry Breton, alors commissaire européen, qui avait parlé «d’une clause de revoyure en 2026» afin d’évaluer la situation. Ce dernier, conscient de la difficulté du tout-électrique pour 2035, avait évoqué «les 600 000 emplois perdus, les matières premières sous tension, les bornes de recharge trop peu nombreuses, etc…» Mais voilà, il n’est plus commissaire européen, poussé à la démission par Ursula von der Leyen, et il n’y a donc plus personne pour contrer la volonté de l’Europe sur ce projet.
 

L’auteur du livre reconnaît qu’il est trop tard pour abandonner cette trajectoire vers le tout-électrique, les industriels ayant investi plusieurs milliards dans la transformation des usines, mais il espère «un report de l’échéance de 2035 pour donner les moyens d’une plus grande compétitivité et permettre une montée en puissance progressive de véhicules hybrides plus performants», un report qui rencontre de plus en plus d’écho paraît-il.
 
Plusieurs pays européens se posent d’ailleurs des questions sur cette marche forcée vers le tout-électrique et vont sans doute revoir leur politique, et on a constaté également une baisse récente des ventes de voitures électriques, en Europe comme à La Réunion.
 

Le budget présenté par le Premier ministre Michel Barnier a rajouté une couche sur cette liberté de circuler en taxant encore plus fort les voitures thermiques à partir du 1^er janvier, et en même temps en baissant le bonus écologique, ce qui est contradictoire.

Et à Exclusif Réunion, on ajoutera deux choses: un, le périphérique parisien à 50 km/h au lieu de 70 est une aberration, destinée là encore à nous priver de liberté de rouler, et deux, en 2035, le prix de l’électricité sera certainement plus élevé que le coût actuel des carburants… Cherchez l'erreur!
 
L’Europe a-t-elle vraiment bien réfléchi en prenant cette décision censée protégée la planète alors que tous les autres pays du monde continueront de rouler en véhicules thermiques, donc de polluer? D’autres solutions étaient certainement envisageables. L’avenir est assurément incertain.
 
Aziz Patel