Gérard Cotellon, directeur de l'ARS, Jérôme Filippini, Préfet de La Réunion, et Philippe-Alexandre Rebboah, représentant la délégation des professionnels, ont signé la charte
Cette semaine, Jérôme Filippini a donc réuni toutes les parties concernées pour la signature de cette charte, et il y avait du beau monde autour de la table dressée dans les salons de la Préfecture pour l'occasion.
On le sait depuis belle lurette, la consommation abusive d'alcool peut être lourde de conséquences (accidents, violences diverses, délinquance, santé dégradée,...), ce qui représente un coût élevé pour la société et les finances publiques.
A La Réunion, près de 500 décès par an étaient attribuables à l'alcool (données ORS 2021), et environ 5 000 passages par an aux urgences en lien direct avec l'alcool ont été comptabilisées en moyenne entre 2020 et 2022. Sans oublier la problématique des accidents de la route, des violences intrafamiliales, ou encore de l'alcoolisation foetale. Et depuis la situation ne s'est guère améliorée.
Depuis fin 2021, le Préfet de La Réunion a engagé avec l'appui de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) "un ambitieux programme visant à renforcer l'application des "interdits protecteurs" en matière de vente et de publicité pour l'alcool". Ainsi plusieurs actions ont été menées en matière de sensibilisation et de formation des acteurs institutionnels et professionnels sur le respect de la règlementation relative à la vente et à la publicité pour l'alcool.
Le Préfet a rappelé tout ce qui avait été mis en place depuis plusieurs années avant d'évoquer "une étape décisive" et saluer "le travail constructif" des professionnels pour l'élaboration de la charte.
Autout de la table, les professionnels signataires étaient nombreux
Il y a eu 21 versions avant de valider la charte
Nicolas Prisse, président de la MILDECA, intervenant par vidéo, a confirmé que "l'enjeu était de taille, l'alcool demeurant la première cause de mortalité prématurée, causant notamment des ravages importants chez les jeunes. La MILDECA a proposé certaines mesures de sensibilisation et de prévention à la Préfecture afin d'améliorer la situation, avec notamment la mise en place d'une cartographie des établissements protégés pour éviter d'exposer le jeunes à la publicité pour l'alcool. Je salue l'ensemble des signataires pour cette charte d'engagement".
Gérard Cotellon, directeur général de l'ARS, a expliqué qu'avec cette charte, "le premier kilomètre est franchi, mais qu'il s'agit de continuer à observer ce qui va se passer sur les autres kilomètres, et abonder la charte si besoin".
C'est Philippe-Alexandre Rebboah qui est le représentant du collectif des professionnels concernés par le sujet alcool: "Il n'est pas question de stigmatiser les producteurs et vendeurs d'alcool mais de responsabiliser tout un chacun face à cette vraie problématique. Il y a eu 21 versions de la charte avant de parvenir à l'adhésion de celle qui est signée ce jour, c'est dire la difficulté. Des efforts ont été faits par tous et je les remercie. Je précise qu'il y aura un comité de suivi pour vérifier le respect de la charte".
Christine Torres, sous-préfète à la cohésion sociale et à la jeunesse, s'est aussi impliquée dans ce dossier
Plusieurs axes forts dans cette charte
Une cinquantaine de professionnels se sont donc mobilisés "dans une démarche volontarise et pro-active aux côtés des services de l'Etat "afin de s'engager sur une série d'actions concrètes comprenant plusieurs axes forts:
- application renforcée des dispositions législatives et règlementaires relatives à l'encadrement de la vente et de la publicité sur l'alcool
- renouvellement des formations dispensées par les professionnels à leurs salariés en matière de vente et de publicité pour l'alcool
- arrêt de la vente d'alcool réfrigéré dans les lieux de vente de la grande distribution en complément des stations-services
- arrêt des communications par affichage 4x3 et sur les premières de couverture des catalogues une semaine avant la fête des mères et des pères
- renforcement des mesures de contrôle par l'Etat afin de veiller à l'application des "interdits protecteurs"
- réalisation d'une étude régionale relative à l'alcoolisation massive à La Réunion
Le préfet a expliqué l'historique de la mise en place de cette charte
"Tous responsables!"
"Face aux conduites addictives et aux consommations à risque d'alcool, nous sommes tous responsables" a répété le Préfet Jérôme Filippini qui a déjà montré sa détermination sur le sujet. "Il faudra de la constance sur les années à venir afin que cette charte soit respectée" a-t-il averti.
Il est évident que dans cette affaire, les professionnels savent qu'ils vont forcément perdre du chiffre d'affaires avec ces nouvelles mesures, mais dans une société de plus en plus violente et agressive, ils sont aussi très conscients qu'ils ont un rôle à jouer afin que la consommation d'alcool soit de plus en plus modérée. Il n'y a pas un jour qui passe sans qu'on parle de faits divers liés à l'alcool. Avant c'était open bar, désormais il s'agit de maîtriser le bar. C'est une question de santé et de sécurité publiques.
Aziz Patel
Toutes les personnes présentes ont signé...