Gérard Cotellon, de la Guadeloupe à La Réunion
Gérard Cotellon arrive de Guadeloupe, où il était directeur du CHU, et où il a connu un épisode traumatisant début janvier, séquestré par des militants opposés à l'obligation vaccinale. "En Guadeloupe, il y a toujours des revendications identitaires, nationalistes, autonomistes, d'où un activisme très fort contre l'obligation vaccinale. Ne pas se faire vacciner c'était afficher sa guadeloupéanité. 40% seulement de la population est vaccinée, c'est très peu par rapport à La Réunion, qui, il faut le reconnaître, est une région plus calme, plus raisonnable".
En bon successeur de Martine Ladoucette, le nouveau directeur régional de l'ARS a tenu à "rendre hommage à la communauté médicale de l'île, on peut être fier de ce qui s'est passé à La Réunion", tout en reconnaissant une fatigue et une lassitude généralisée: "Tout le monde en a marre de la Covid, mais nous devons continuer à nous protéger, car le taux d'incidence est encore élevé. Fort heureusement l'impact hospitalier est faible.
Je mènerai une action spécifique pour la vaccination, il s'agit de cibler les personnes souffrant de comorbidités (diabétiques, obèses, dialysés, malades respiratoires ou en proie à des insuffisances cardiaques,...) . Nous en sommes à 70% de la population réunionnaise vaccinée, il manque 10% pour qu'on soit au même niveau que la métropole. C'est dans le milieu professionnel qu'on constate le plus de contaminations, c'est l'occasion de rappeler qu'il faut porter le masque quand nécessaire et continuer à respecter les gestes barrières".
"Nous n'imposerons rien, nous échangerons et trouverons les bonne solutions" dit-il
Améliorer le système de santé
Gérard Cotellon s'est aussi fixé un objectif: tout mettre en oeuvre pour améliorer le système de santé à La Réunion. "Il n'y a pas de développement économique avec un système de santé qui dysfonctionne. Nous aurons des discussions fluides et transparentes avec les autorités nationales. Parallèlement, l'ARS doit être à l'écoute des professionnels, des élus, des associations de malades avec une question: que peut-on faire ensemble pour améliorer le système de santé?"
Gérard Cotellon a rappelé que le Projet Régional de Santé est en cours: "C'est le principe du livre vert pour que chacun puisse intervenir lors des consultations et des débats. C'est le principe de la démocratie sanitaire tout simplement".
Souci de la transparence, analyse partagée des problématiques sans imposer quoi que ce soit, implication des professionnels afin de donner un sens aux actions menées, implication des élus, tels sont les concepts sur lesquels compte s'appuyer le directeur de l'ARS pour "agir sur le système".
"Tout le monde est fatigué de la Covid, mais il faut continuer à se protéger"...
Vers une meilleure qualité de vie au travail?
"On ne peut pas être en situation de crise permanente. Il faut remettre en place les parcours de soins qui ont été suspendus par la crise Covid. La dengue et la situation dans les Ehpad sont aussi des sujets majeurs. Et je m'intéresserai également aux conditions de travail des personnels soignants qui souhaitent une meilleure qualité de vie".
La tache est immense, mais Gérard Cotellon se dit "motivé par le travail à faire. A 61 ans, je suis un vieux professionnel de santé, je mettrai mon expérience au service de La Réunion". Il a débuté dans le secteur en 1984 à l'Hôpital du Raincy-Montfermeil (Seine Saint-Denis) comme infirmier, il a effectué la plus grande partie de sa carrière en métropole, il va la terminer à La Réunion avec apparemment une belle envie de bien faire.
Les tergiversations de Martine Ladoucette au début de la crise sanitaire ont créé un fossé entre l'ARS et la population. Les Réunionnais jugeront le nouveau directeur à l'ouvrage, en espérant de ne pas revivre la crise de ces deux dernières années.
Aziz Patel