Dimanche 2 Décembre 2018


Macron hors sujet, Girardin au casse-pipe, élus absents, GJ désordonnnés





C'est ça la France?
Le titre de cet édito résume clairement la situation qui prévaut actuellement en France en général, à La Réunion en particulier. Et la situation devient de plus en plus explosive compte tenu de la léthargie intellectuelle dont ont fait preuve les autorités depuis le début de ce  mouvement des Gilets Jaunes, et nous en avons parlé dans un précédent “Décryptage”, daté du 25 novembre.
 
Emmanuel Macron persiste et insiste sur la nécessité de la transition énergétique. Tout le monde a bien compris que l’avenir de la planète est en jeu et que le gouvernement français a des impératifs à respecter par rapport à la conférence Climat de Paris. De là, à ne rien annoncer de concret hormis des réunions ici et là et un point à faire dans trois mois, c’est résoudre le malaise profond qui agite le pays par de la dialectique, incompréhensible par "le peuple", et comme prévu, le mouvement perdure, avec ses dérapages incommensurables.
 
Quand on voit les Etats-Unis, l’un des premiers pollueurs de la planète se retirer des accords de Paris, on se dit que l’écologie peut attendre un peu, le temps de résoudre les problèmes quotidiens des Français, à savoir le prix des carburants et le pouvoir d’achat. On ne va pas revenir sur les primes à l’achat pour des voitures propres et des chaudières, qui ne concernent qu’une frange de la population qui a encore les moyens, cela ne suffit absolument pas à atténuer la souffrance urgente et la colère qui monte.

L'Arc de Triomphe attaqué, la honte!
Les autorités, que ce soit au niveau du plus haut sommet de l’Etat qu’au niveau des régions (hauts fonctionnaires et élus), ont sous-estimé la portée de ce mouvement Gilets Jaunes, croyant, à tort, à un essoufflement. Certes, il sont une minorité à être sur le terrain, mais une majorité de Français les soutient selon divers sondages. Et même si la majorité silencieuse en a marre des blocages mais ne le crie pas sur tous les toits, elle attend du gouvernement des annonces claires, à effet immédiat, pour sortir de la crise.
 
Par arrogance et/ou par orgueil, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ne veulent pas “reculer”, préférant "garder le cap", et laisser la France aux mains des casseurs, les forces de l’ordre étant évidemment incapables d’être partout en même temps. Et ce qui s'est passé à Paris ce samedi était prévisible: on peut contrôler les Champs Elysées, mais comment contrôler le reste de la capitale? Quelle belle image de notre pays! Et quel gâchis avec les conséquences financières encore plus désastreuses que si le gouvernement avait fait quelques gestes d’apaisement (baisse significative de certaines taxes) en fonction des demandes.

Emmanuel Macron arrive d'Argentine après la guerre et ne peut que constater les dégâts....
Le gouvernement a envoyé ses ministres ici et là pour tenter, sans réussite, des explications, et Annick Girardin mérite les félicitations du jury pour ne pas avoir craint d’aller sur le terrain face aux Gilets Jaunes, ce que ni le Préfet -il a juste esquissé une sortie derrière des barrières une semaine après le 17 novembre-, ni les élus locaux n’ont fait. Rien ne sera plus comme avant pour ces élus, quand  bien même certains ont attisé le feu sur les braises de la contestation en pensant, encore une fois, à leurs intérêts politiques à venir, les municipales et les régionales. Quelque chose me dit qu’il va y avoir de gros changements en 2020 et 2021…
 
La Ministre des Outre-Mer est allée au casse-pipe, elle a écouté, annoncé des mesures, mais il était stupide de penser qu’elle allait dégainer une augmentation générale de salaires et une baisse des prix des produits, plusieurs paramètres annexes ne dépendant pas d’elle. Comme il était prévisible que les Gilets Jaunes, qui se battent aussi entre eux car non structurés donc désordonnés, ne soient pas satisfaits. Dans cette anarchie, n’importe qui se croit investi de pouvoir et devient Gilet Jaune rien que pour pousser les autres à bout. C’est tellement facile de faire un blocage, c’est devenu le nouveau jeu à la mode… Les Gilets Jaunes ne sont pas des casseurs, mais ces derniers ont pris le dessus et donnent hélas une image négative au mouvement.
 
J’avais déjà dit précédemment que cette crise pouvait être désamorcée dès le début si le gouvernement avait de suite annoncé quelques mesures fortes. J’avais aussi lancé un appel au Président de la République et au Premier Ministre à plus d’écoute, plus d’humilité, plus de proximité, et à annoncer rapidement des mesures satisfaisantes, la paix sociale n’ayant pas de prix. Les Français sont allergiques aux réformes, et quand en plus, on les met en place à fortes doses, ça coince. Les autorités ont persisté dans l’affrontement, on voit ce que ça a donné, et ce n’est pas fini. La solution est définitivement du côté du gouvernement. Il est temps de faire un vrai pas en avant.
 



Aziz Patel
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