C'est en 1989 qu'il a créé ce village, afin de venir en aide aux personnes pauvres d'Antananarivo, la capitale de la Grande Ile. Il a vu la misère d'une population en train de chercher parmi les détritus de quoi s'habiller, s'équiper, et même de quoi manger parfois... Il voulait sortir ces hommes et ces femmes, et ces enfants surtout, de cet enfer, sur la base d'un postulat: dans la dignité, le travail remplacera la mendicité à Akamasoa.
Aujourd'hui, après 35 ans de combat et de travail acharné, s'élève le village Akamasoa, en place et lieu d'une grande partie de la décharge. Dans les ruelles pavées, les plus jeunes enfants gambadent, aux côtés de leurs parents. Des bâtiments ont vu le jour, abritant des familles.
Mais pas seulement, puisque de plus grandes bâtisses sont sorties de terre ici et là: des écoles, des gymnases, des centres médicaux, des terrains de football, qui portent les noms de leurs donateurs, et aussi une carrière où des hommes et des femmes y travaillent. Ils taillent des pierres qui permettront ensuite de construire, encore et encore...
Polyglotte, il parcourt le monde...
Plus de 30 000 personnes constituent désormais la population d'Akamasoa, sur un total de plus de 500 000 personnes qui ont été aidées dans cette tâche immense et incommensurable. En 2004, Akamasoa a été reconnue d'Utilité Publique par l'Etat, qui marque ainsi sa présence et son action dans le «fonctionnement social général de l'île».
«Nous sommes fiers des réalisations, mais nous savons aussi qu’il est impossible de se reposer sur les acquis. La lutte est quotidienne, qu’elle concerne les problèmes de chacun de nos villages, ou bien les personnes pauvres qui continuent de venir nous demander de l’aide», peut-on lire dans l'un des nombreux ouvrages publiés par le Père Pédro.
«Résiste» est le cinquième ouvrage qu'il a co-écrit avec Pierre Lunel, auteur d'une soixantaine de publications « dont beaucoup sont consacrées à de grandes figures de la fraternité, comme Soeur Emmanuelle et Amma».
Lors de notre visite à Akamasoa, notre groupe a eu l'opportunité d'assister à une répétition des enfants en train de préparer la grand-messe du dimanche. Marlène s'en souvient très bien et témoigne: «J'ai eu un choc ! C'était des instants d'émotion très forts... Ils étaient 800 ou 900, ils chantaient vraiment de bon coeur et levaient les bras vers le ciel. Ils étaient heureux d'être là, de prier et de chanter ensemble. Ce n'était pas les mêmes enfants que j'avais vu la veille, dans les rues de Tanararive».
Plus tard, Michel, lui aussi dit son admiration «pour l'oeuvre accompli sur ces décharges remplacées par une réalisation gigantesque qui dépasse l'entendement. La vie s'y est organisée, et on constate que ceux qui y habitent s'y sentent bien. Mieux sûrement que beaucoup de leurs compatriotes installés ailleurs dans la Grande Ile».
Sans relâche, le Père Pédro –qui parle 7 langues- parcourt le monde et rencontre des personnalités des milieux politiques, économiques, scientifiques et autres. Son bâton de pèlerin l'emmène aux quatre coins du globe, car la solidarité et le partage ne peuvent avoir de frontière. Ces jours-ci il était donc à La Réunion, demain il s'en ira ailleurs, porté par la compassion qui l'anime. Dans sa tête résonnera toujours ce mot: «Résiste»...
Roland Chane
( Extraits de Wikipedia)
Pedro Pablo Opeka (né le 29 juin 1948), également connu sous le nom de Père Opkeka,est un prêtre catholique argentino-slovène, travaillant comme missionnaire à Madagascar. Pour le service qu'il a rendu aux pauvres, il a reçu la Légion d'Honneur par l'ancien Premier ministre slovène Janez Jania et le président français Emmanuel Macron.
Opeka est né en Argentine, à San Martin, une banlieue de Buenos Aires, de parents slovènes qui y ont immigré après la guerre. Son père était de Begunje pri Cerknici, sa mère de Velike Laae dans la Basse-Carniole (Italie). Son père était un ancien membre de la Home Guard une force de police auxiliaire slovène anti-communiste dirigée par les Allemands... Il a rencontré sa future épouse slovène dans un camp de réfugiés en Italie où ils se sont mariés.
Pedro a grandi dans les rues de Buenos Aires. Très tôt quand il est enfant, à partir de 9 ans, il travaille avec son père comme maçon. À 15 ans, il hésite entre devenir un professionnel du football et un prêtre. Il décide finalement de devenir prêtre et d'entrer au séminaire des Lazaristes de Buenos Aires. À 20 ans, il s'est rendu à Ljubljana en Slovénie (qui fait alors partie de la Yougoslavie pour poursuivre sa formation. Deux ans plus tard, en 1970, il se rend à Madagascar où il travaille comme maçon dans les paroisses des Lazares.
Il termine ses études à l'Institut Catholique de Paris (1972-1975), où il apprend le français. Il a rencontré la communauté de Taizé prés de Cluny en France, qui a ses membres soutenant les communautés dans 24 grandes villes du monde, et a parcouru toute l'Europe. Pedro Opeka parle 7 langues: slovène, espagnol, anglais, français, italien, latin et malgache Il a été nommé à la tête d'une paroisse rurale dans le sud-est de Madagascar, Vangaindrano.
En 1989, ses supérieurs lazaristes le nomment directeur d'un séminaire à Antanarivo,la capitale. Quand il visita une décharge des collines de la ville, il découvrit des gens qui fouillaient parmi les ordures pour trouver quelque chose à manger, et dormir dans des huttes en chanvre sous les ordures de l'abri entre les montagnes de déchets. Pedro Opeka a commencé à leur parler, à les convaincre qu'ils pouvaient laisser cette misère et ces mauvais traitements, pour leurs enfants. Avec l'équipe de jeunes de Vangaindrano, il s'est formé, et après de longues discussions, il a écrit les articles et les statuts d'Akaamasoa («bons amis» dans la langue locale) en décembre 1989.
Le père Pedro n'avait tout simplement pas d'argent et se sentait désolé pour la population locale malgache, alors il a commencé à collecter des fonds, a commencé avec 900 dollars qu'il a emprunté à diverses missions chrétiennes slovènes.
Il construira plus tard toute la ville et le village appelé village slovène avec les dons et les contributions financières des Slovènes, élevés dans les églises slovènes....
Le père Pedro Opeka a enseigné à la jeunesse d'Akmasoa comment construire des maisons, d'abord en bois, puis en briques et en mortier. Plus de 3 000 maisons solides ont été construites par Akamasoa à ce jour pour les personnes qui vivaient dans des boîtes en carton au sol...Chaque année, Akamasoa construit de nouvelles écoles, cliniques et centres de formation et de production. Plus de 3 600 emplois ont été créés pour les villageois, qui sont payés par Akamasoa chaque mois.
Structure économique globale, Akamasoa est devenue autosuffisante de 75% en revenus, grâce à la création de carrières de pierre et de gravier, aux ateliers d'artisanat et de broderie et à un centre de compost à côté des ordures publiques "Tana".
Le père Pedro Opeka a enseigné aux gens d'Akamaso des conseils sur la façon de diviser et de trier les ordures, de transporter le compost créé à partir d'ordures et de créer de petites fermes agricoles. Akamasoa forme également des artisans de construction (couleurs, charpentiers, ébénistes, opérateurs et pavés de rue) qui ont construit ou reconstruit des routes et des ponts pour aider les communautés dans les villages et dans tout le pays...
En 2007, Opeka a été nommé chevalier de la Légion d'Honneur. L'attribution, décrétée le 12 octobre par le président français, reconnaît ses 20 années de service public aux pauvres à Antananarivo. Ce prix récompense la lutte en cours menée ici contre la pauvreté par cet homme de foi et ses 412 collaborateurs: les médecins, les sages-femmes, les enseignants, les ingénieurs, les techniciens et les travailleurs sociaux, tous originaires de Madagascar.
En 2009, Opeka a reçu l'Ordre des Services d'Or, qui est la plus haute décoration nationale de l a Slovénie.
En 2012, Opeka a été nominée pour le Prix Nobel de la Paix par des représentants unis du Parlement Européen de slovène, quelle que soit leur affiliation politique. En 2013, le député Loize Peterle a de nouveau commencé avec le processus de nomination pour Opeka. La nomination a été soutenue par Roman Jaki , puis par le député slovène (PS) ,ainsi que par Janez Jania, puis le Premier ministre slovène, et la conférence de l'évêque slovène. Il a été de nouveau nommé pour le prix Nobel en 2021.
«Une lutte de tous les jours» contre la pauvreté Liva, 41 ans, est l’un des premiers bénéficiaires de l’association. Aujourd’hui directeur d’un collège à Akamasoa, lui et sa famille, résidente historique de la décharge, reviennent de loin. «On connaît le goût de la pauvreté. Pour moi, pour ma famille, "Akamasoa", c’est le bras de Dieu qui nous a touché directement. À l’époque, on se battait avec les chiens et les cochons pour chercher de quoi manger dans la décharge. Mais à Madagascar malheureusement, le taux de pauvreté continue d’augmenter, donc je crois que nos dirigeants doivent chercher une nouvelle méthode», estime ce père de famille. |