"Nous avons été confrontés, comme d’autres acteurs de santé, à des difficultés d’approvisionnement en masques chirurgicaux et FFP2, conséquence de l’augmentation de la demande mondiale" explique Gérard d'Abbadie. "Il y avait cette angoisse de la mort au sein de nos établissements et de la population. Il fallait donc agir et non subir. L’idée nous est donc venue de proposer une solution pérenne pour que notre île soit autonome en termes de masques à usage unique, à haute capacité de filtration, dans un premier temps pour le personnel soignant, puis dans un second temps pour l’ensemble de la population".
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Machines et masques de qualité supérieure
Après plusieurs semaines de recherche, le Groupe Les Flamboyants, qui a donc créé la société Maskareignes, s’est tourné vers une société chinoise spécialisée dans la fabrication de machines haut de gamme avec une capacité importante de production, une société qui produit des machines déjà utilisées en Autriche, en Italie, Espagne, USA et Australie.
"Ce ne fut pas simple d'avoir des machines, la demande mondiale était forte. Nous avons beaucoup échangé de nuit -en raison du décalage horaire- avec cette société, et petit à petit nous avons avancé" raconte Aurore d'Abbadie-Savelli.
"Nous avons commandé des machines haut de gamme avec une grande capacité de production, et de la matière première de qualité supérieure. C’est la qualité de cette matière première qui fait que les produits fabriqués par Maskareignes sont aptes à être catégorisés pour un usage sanitaire (niveau de filtration du masque) et à recevoir les normes CE".
L'usine est justement en attente de la conformité européenne, ce qui devrait intervenir rapidement, et la mise en circulation des masques pourra débuter.
2,5 millions d'euros d'investissement, en partie subventionné
Aidée par la Région Réunion pour l’acheminement de la première machine, via un vol affrété d'Air Austral qui ramenait en même temps des masques, Maskareignes a déboursé au total près de 2,5 millions d’euros pour l’achat du matériel et de la matière première pour fabriquer les masques. Une partie non négligeable de l’investissement (hors matières premières, dépenses non éligibles) est susceptible de faire l’objet d’un financement européen, à hauteur de 80% du coût de chaque machine. Précisons qu'une autre entreprise locale (celle d'Alfred Chane Pane) a également investi dans des machines, mais elle n'est pas encore opérationnelle.
Maskareignes a donc mis en route sa première machine de masques chirurgicaux, la deuxième machine est en cours de finalisation, cette fois pour les masques FFP2, et à court terme la troisième machine masques chirurgicaux devrait arriver à Pierrefonds.
6 emplois ont déjà été créés par la société qui passera ensuite à 20 employés, puis à 30 quand elle fonctionnera à plein régime. "En fonction des besoins, nous pourrons travailler en trois équipes de 7 heures afin d'atteindre la production maximale" précise Aurore d'Abbadie-Savelli.
Maskareignes peut produire 50 000 masques en 7 heures, donc 150 000 masques en 21 heures, et parvenir jusqu'à 22 millions de masques par an. Pour le moment, 250 000 masques seront produits par semaine avec cette première machine.
"Ils sont destinés à l’ensemble des professionnels de santé, aux collectivités locales, aux organismes d’Etat, et à l’ensemble de la population" dit Gérard d'Abbadie qui espère aussi exporter les masques vers les pays de l'Océan Indien qui ne disposent pas de telles machines.
A quel tarif les masques? "Maskareignes, c’est une production locale de masques de haute qualité à un prix acceptable" répond Aurore d'Abbadie. "Le prix sera en dessous des prix de masques importés, même si elle reste impactée par le cours actuel du prix de la matière première. Le prix de vente sera à 0,50€ HT. Et pour les masques FFP2, le tarif sera également inférieur à ceux qui sont importés".
En tout état de cause, ceux qui ont fait le pari d'investir dans des machines de fabrication de masques ont eu le nez creux. Non seulement l'épidémie Covid-19 prendra beaucoup de temps à être complètement maîtrisée, en plus le masque est devenu obligatoire dans les lieux clos, les besoins des établissements de santé seront toujours importants, et les spécialistes disent qu'il faut s'attendre, hélas, à d'autres pandémies dans les années à venir...
Aziz Patel
Photos Marcelino Aumord et Roland Chane