"Cette exposition s’inscrit dans le cadre du devoir de mémoire et marquera le coup d’envoi des manifestations du centenaire de la Société des Membres de la Légion d’Honneur (SMLH)" dit Ary Langenier, le président par intérim de l'association.
L'exposition est visible toute cette semaine à l'Ancien Hôtel de Ville de Saint-Denis, nous vous en proposons quelques images dans cet article.
Ce fut aussi l'occasion d'écouter Mario Serviable, docteur en géographie, Chevalier de la Légion d’honneur, qui a donné une conférence fort intéressante, intitulée «1846- 1946, La marche vers la départementalisation. De la colonie servile à l’encastrement dans la France»... Extraits ci-dessous.
Photos Marcelino Aumord
Etaient présents au vernissage de l'exposition
- Jacques BILLANT, Préfet de La Réunion
- Ericka BAREIGTS, maire de Saint-Denis
- Chantal MANES-BONNISSEAU, Rectrice de La Réunion
- Général Pierre POTY, commandant de la Gendarmerie Nationale à La Réunion
- Denis CHAUSSERIE-LAPREE, procureur général de la cour d’appel de Saint Denis
- Christine RICHET, directrice régionale des affaires culturelles
- Daniel GONTHIER, représentant du président du Conseil départemental
- Laurent FRAYSSE, commissaire divisionnaire, directeur départemental adjoint de la sécurité publique
- Thierry PINCEMAILLE, directeur de l’ONAC
- Barthélémy HOARAU, président départemental des Anciens combattants de La Réunion
- André CRESTEY, président des porte-drapeaux
- Ary LANGENIER, qui assure l'intérim de la présidence de la SMLH-R
- les présidents du comité Nord et Est et du comité Ouest de la SMLH-R
- certains membres du bureau de la section et des 3 comités SMLH-R
"Pourquoi les médaillés de la Légion d’Honneur sont-ils à l’Hôtel de Ville de Saint-Denis après les ides de mars en 2021 ? Pour 2 raisons : honorer la dette d’honneur de La Réunion vis-à-vis de la IVe République d’une part, et rappeler d’autre part un événement qui s’y est déroulé le samedi 16 mars 1946. A 17h30, le Président Paul Picaud et le 1er adjoint Henri Lapierre commentent le télégramme du député-maire de Saint-Denis, le Dr Raymond Vergès : « Ce soir 14 mars 11h50, Assemblée Constituante unanimité proclame Réunion Département Français stop. Prions Conseil Général, Municipalité, Union Départementale et tous syndicats envoi télégramme remerciement président Assemblée Constituante et fêter cette date historique par grandiose manifestation stop. Vive La Réunion – Vergès, de Lépervanche ».
Les consignes du télégramme seront suivies à la lettre ! « La grandiose manifestation » se déroulera à Saint-Denis sur 2 jours : le samedi 16 mars, discours, retraite aux flambeaux et bal populaire ; le dimanche 17 mars, régates et fête foraine au Barachois. Le Président de l’Assemblée, Félix Gouin, qui remplace à ce poste le général de Gaulle depuis le 20 janvier 1946, sera assailli des marques de gratitude.
Comment devient-on « Réunion département français » ? Par une loi, votée le 14 mars, inscrite au JO le 19 mars et promulguée par le gouverneur p.i. Jean Beyriès le 27 mars 1946. Que dit cette loi ? Succinctement 3 choses : le premier article « érige les 4 vieilles colonies en départements français », le second promet que « toutes les lois en vigueur en France métropolitaine seront appliquées dans l’île avant le 1er janvier 1947 », le troisième précise que les nouvelles lois ne seront applicables aux DOM que « sur mention expresse insérée aux textes ». Autant dire que les difficultés sur les retards et les spécificités ainsi que les malentendus naissent avec la loi...
En 2021, 75 ans plus tard, c’est la SMLH qui tente de répondre à la double injonction du télégramme Vergès/ De Lépervanche, les pères de la départementalisation. Elle propose, avec l’ARS Terres Créoles, un outil d’Education populaire prévu pour l’itinérance et le partage dans « les fêtes grandioses » de la mémoire. C’est un voyage de 100 ans pour comprendre la transmutation d’une colonie servile en France révérée ; voyage entre 2 bornes historiques :1846, fin symbolique d’une économie et d’une société de plantation basée sur l’esclavage à la mort de Madame Desbassayns, et 1946, mort symbolique de la sujétion coloniale. En 20 affiches, l’exposition retrace, à l’horizon d’un regard, 3 avènements : la construction de l’unité territoriale de l’île à travers les équipements de communication (route, rail, marines, port, aéroport) servant à rapprocher les hommes, l’élaboration de la société réunionnaise dans le désir du vivre-ensemble, et, enfin, l’émergence des dynamiques dans une économie d’emplois, d’activités, de ressources et de recettes.
Une exposition est un regard, un récit, un résumé. Dans votre déambulation, vous serez interpelé par la mise en scène, par la mise en sens et par la mise en intrigue de vos souvenirs. L’aménagement d’un territoire, d’une société et d’une économie, résume 350 ans d’une histoire de sacrifices et de courage de la part d’hommes et de femmes, dont les aïeux sont venus de tous les ailleurs pour partager ici une vie commune. Certes, tout ne fut pas facile et certes tous ne furent pas aimables, mais sur l’essentiel, La Réunion peut faire la leçon au monde. L’île est devenue le modèle le plus achevé au monde de la cohabitation d’hommes et de femmes de croyances, de couleurs et de cultures différentes dans la République. Cela permet d’évoquer cette relation particulière que l’île entretient avec la République".
Mario Serviable