La photo de famille: Yvan Mainix (Wood Hôtel & Spa), Florian Hoarau, président local de Gîtes de France, Marie-Claude Law-Yat (IRT), Azzedine Bouali (FRT), Patrick Lebreton (IRT), Christian Wolff (Wood Hôtel & Spa), Patrick Serveaux (IRT, et Régis Ramsamy (CCIR)
C'est sur le site du Wood Hôtel & Spa, nouvel établissement qui a ouvert ses portes sur le littoral de la commune de Trois Bassins, pas très loin de la Souris Chaude pour mieux le situer. Un hôtel 4 étoiles, lancé par Christian Wolff, bien connu dans le milieu, et Yvan Mainix, président de la société Fibres Industries Bois, qui n'est pas encore tout à fait terminé, seuls une trentaine de chambres (sur 80) et le restaurant étant opérationnels pour le moment.
"Le projet a démarré il y a 6 ans, et l'ouverture complète aura lieu d'ici 3 mois" dit Christian Wolff qui confirme un coût total de 32 millions d'euros pour le projet, dont 3 millions du Feder et 756 000 € d la Région Réunion. "Nous avons voulu un hôtel différent, les bâtiments sont en bois brûlé couleur basalte, une technique japonaise, l'idée étant de se fondre dans l'environnement. Nous avons créé 65 emplois pour l'instant, nous travaillons avec les producteurs locaux, nous allons mettre en place plusieurs animations"... On aura l'occasion de vous présenter l'hôtel en détails prochainement.
Patrick Lebreton a rebondi sur cette présentation rapide de l'hôtel pour confirmer qu'il s'agit "d'une preuve du dynamisme et de l'évolution du secteur", en citant les ouvertures récentes du Papangue (Etang-Salé), du Tuit-Tuit (Plaine des palmistes), du Radisson (Saint-Denis), ou encore du Gîte du Volcan. Tous les hôtels auront-ils un bon taux de remplissage? "Il y a encore de la place pour de nouveaux hôtels à condition de proposer un choix diversifié pouvant plaire à toutes les catégories sociales" répond Christian Wolff qui gère lui-même plusieurs établissements dans l'île (Le Saint-Pierre, L'Archipel, le Clos de La Rivière).
Le président de l'IRT confirme: "Le modèle touristique de notre destination doit poursuivre sa mutation, continuer sa montée en gamme et en qualité. Notre ambition est aujourd’hui d’aller à la conquête de nouvelles niches de clientèles et de marchés plus diversifiés". Sauf cas de force majeure négative à venir, les chiffres de la fréquentation touristique prêtent en tout cas à l'optimisme...
Patrick Lebreton, président de l'IRT et vice-président de la Région Réunion, également maire de Saint-Joseph, ardent défenseur du tourisme réunionnais
Record de fréquentation en 2024
556 534, c’est le nombre de visiteurs extérieurs qui se sont rendus à La Réunion en 2024. Il s’agit bien d’un nouveau record pour la destination, qui conforte donc son attractivité touristique. Certes, cela ne fait que 445 touristes de plus qu'en 2023, mais c'est déjà nettement mieux qu'en 2019, année avant Covid, avec 533 622 touristes.
Les visiteurs viennent en majorité de l’Hexagone (80%) tandis que le reste de l’Europe reste stable (5,8%), principalement des Allemands, des Belges et des Suisses. 11,6% viennent de la zone Océan Indien, et 1,8% du reste du monde.
Les touristes affinitaires, qui logent chez des parents ou amis, représentent 43% des visiteurs, la clientèle d'agrément 49%, et la clientèle d'affaires 6%.
La durée de séjour est stable, autour de 18 jours, en revanche on a constaté une lègère baisse des recettes touristiques avec 468,8 millions d’euros (-1,9% par rapport à la même période en 2023). "Le contexte économique et social français, européen et mondial, incite en effet les voyageurs à davantage de prudence face aux dépenses" dit Patrick Lebreton, fier malgré tout d'annoncer que La Réunion fait partie du Top 10 des destinations préférées des Français, premier territoire d'outre-mer devant la Guadeloupe.
"Ces bons résultats sont à mettre à l'actif des socioprofessionnels qui ne s'endorment pas sur leurs lauriers, et c'est aussi le fruit de la politique régionale en matière de promotion et de développement du tourisme" dit le président de l'IRT, également vice-président de la Région Réunion, qui cite encore deux bons chiffres: "98% des touristes recommandent la destination Réunion, et 86% ont envie de revenir".
En 2024 plus de touristes, un chiffre d'affaires en baisse, mais l'activité touristique a du potentiel de développement
Clientèle locale en baisse
Patrick Lebreton a pêle-mêle évoqué la présence de La Réunion à 9 salons en 2024, en Europe et en Afrique du Sud, la belle visibilité obtenue au tournoi Roland Garros, lors du Tour de France à la voile, et au Club France lors des JO de Paris, "La Réunion étant la seule région d'outre-mer présente", et aussi à Lyon lors d'un concept hologramme en décembre.
"Par ailleurs, nous avons accueilli 106 journalistes et une centaine d'agents de voyages en 2024. 946 000 personnes nous suivent sur le digital, il y a désormais 293 prestataires qui ont le label Qualité Tourisme".
Le président de l'IRT regrette toutefois la baisse conséquente de la clientèle locale dans les établissements touristiques de l'île, soit -15,8% par rapport à 2023: "La baisse du pouvoir d'achat et aussi l'envie d'aller ailleurs après les années Covid expliquent cette baisse. Par exemple, Maurice a compté 140 000 touristes réunionnais en 2024. On ne va pas empêcher les gens de voyager, c'est aux professionnels du secteur d'être imaginatifs pour attirer la clientèle locale".
"Pour un tourisme durable et raisonné"...
Le Comité du Tourisme Réunionnais en marche
Au niveau des institutions, 2025 sera l'année de la révolution avec la fusion IRT-FRT. En effet, dès le 1er mars Ile de la Réunion Tourisme et la Fédération Réunionnaise du Tourisme vont fusionner pour devenir le CRT (Comité du Tourisme Réunionnais), qui sera un EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial) avec un budget alloué de 15 millions d'euros.
"Cette structure unique, qui sera effective le 1er mai, travaillera sur le marché local et les marchés extérieurs afin de développer l'activité, de diversifier les marchés, et de continuer à être qualitatif" explique Patrick Lebreton. "Avec pour mission de travailler sur un tourisme durable, raisonné, répondant aux nouvelles exigences de la clientèle; Il s'agit d'une intelligence collective au service du territoire".
Et sur le plan local, l'IRT reconnaît qu'il y a quelques problématiques à résoudre, comme par exemple le manque de toilettes publiques: "L'Etat doit aussi nous accompagner".
Le bureau du CRT comptera 38 membres, dont 9 de la Région, 3 du Département, 1 de la Préfecture, des représentants des Offices du Tourisme, des professionnels du secteur, et des personnalités qualifiées. "Au niveau du personnel, il n'y a pas eu de plan social, mais les effectifs de l'IRT sont passés de 100 à 60 salariés, avec des départs à la retraite, des départs volontaires, et la FRT compte 16 employés, nous allons optimiser nos moyens" a précisé Patrick Lebreton.
Le CRT intégrera dans quelque temps de nouveaux locaux du côté de Savannah dans une ancienne distillerie, et une antenne ouvrira à Paris: "Nous recherchons un lieu de passage pouvant toucher beaucoup de monde, nous avons deux possibilités, le choix sera fait bientôt" dit le président.
Patrick Lebreton est confiant sur l'avenir de la filière
Profiter de trois hubs pour attirer plus de touristes
L'IRT, future CRT, a été présente au Salon de la Plongée en janvier, sera au Salon International de l'Agriculture fin févirier, au salon ITB de Berlin début mars, aux salons de la Randonnée à Lyon, du Running à Paris, au tournoi de tennis Roland Garros, au salon international Top Résa en septembre, et ainsi de suite tout au long de l'année.
La cherté des billets d'avion a été évoquée: "Une analyse a été effectuée et révèle qu'un Réunion/Paris est le tarif le plus bas au kilomètre" dit Patrick Serveaux, membre du bureau de l'IRT et président de l'Umih. "En avril, un billet aller/retour coûte moins de 700€, et récemment j'ai voulu commander un VTC pour aller de Sainte-Anne (hôtel Diana Déa Lodge) vers l'aéroport, on m'a annoncé un tarif de 236€, cherchez l'erreur. Les billets sont chers pendant les périodes des vacances scolaires comme partout quand la demande est forte".
Quant à ouvrir de nouvelles destinations, le président de l'IRT est clair: "L'aérien ce n'est pas nous." Et Patrick Serveaux de renchérir: "Nous disposons de trois hubs: Johannesburg pour une ouverture sur l'Afrique, et pour faire venir des Sud-Africains, Bangkok, porte ouverte sur l'Aise (Chine, Corée du Sud,...), et Roissy pour toute l'Europe voire plus. Air France qui se repositionne à Roissy, c'est une bonne nouvelle".
Quid des Iles Vanille? "C'est une structure qui profiet surtout aux autres îles, cela relève de la coopération régionale" répond Patrick Lebreton.
Concernant les croisières, l'IRT estime qu'il faudra étudier de nouvelles infrastructures, "car ce sont des dizaines de milliers de touristes potentiels".
Et Patrick Lebreton de conclure ce tour d'horizon: "Notre stratégie de développement touristique doit servir les Réunionnaises et les Réunionnais, tout en préservant notre identité. Notre île intense doit en effet autant se soucier de sa biodiversité et de la préservation de ses paysages que de la valorisation de sa culture et de ses habitants.
Cet équilibre fera partie des enjeux cruciaux qui guideront le nouveau Comité Réunionnais du Tourisme, à mi-chemin entre la promotion de l’île intense par-delà ses frontières et la dynamisation de l’activité touristique par les Réunionnais, pour les Réunionnais".
Aziz Patel
Christian Wolff, professionnel du secteur hôtelier, a présenté son nouveau bébé, le Wood Hôtel & Spa