Olivier Hoarau a évidemment débuté par 2024, "une année de bouleversement du monde: conflits armés en Europe et au Proche Orient, renversement du tyran Bachar Al-Assad en Syrie, réélection de Donald Trump aux États-Unis, montée de l’extrême droite en Europe de l’Est, en France et aux États-Unis, accélération du dérèglement climatique, liberté et droits des femmes étouffés dans plusieurs pays, affirmation de plus en plus forte de pays comme la Chine, l’Inde et les Émirats Arabes Unis.
Nous sommes en présence de deux blocs: celui des valeurs de liberté et d'humanisme, et celui de la tactique politicienne, avec comme objectif la quête du pouvoir par la domination financière et économique. Il y a un risque d'affrontements de plus en plus durs" craint le maire du Port qui constate qu'on est bien loin du siècle des lumières...
Concernant la situation nationale, Olivier Hoarau n'a pas manqué d'évoquer "la dissolution hasardeuse de l’Assemblée Nationale", avec comme conséquence une déstabilisation politique et sociale: "Le Président de La République, capricieux, a lui-même qualifié sa décision de faute politique. Avec le gouvernement Barnier, la France a été la risée du monde. En désignant Monsieur Bayrou comme nouveau Premier Ministre, le président s’enracine dans son déni de démocratie et expose, une fois encore, le chef du gouvernement et donc le pays, au diktat de Madame Marine Le Pen".
L'absence de budget fait craindre à l'édile "une explosion sociale inédite et dangereuse. Aujourd'hui, il existe un sentiment d’insécurité politique, économique et sociale de la population. Le Ministre des Outre-mer a dit que le budget ultra-marin sera abondé de 400 millions d'euros. Il faudra veiller à une répartition équitable, avec au moins 2 à 3 M€ pour le financement des PEC, et maintenir ainsi le niveau de prise en charge de ces emplois par l’État".
Région et Département en soutiens
Sur le plan régional, sans surprise, le maire du Port a mis en avant le plan de relance régional qui s’est appuyé sur la mobilisation de fonds communautaires complémentaires. Ce qui a permis à la Ville du Port de mobiliser ce plan de relance, principalement pour :
- la digitalisation des écoles
- le développement du télétravail et d’espace de coworking
- la requalification d’espaces publics dans le cadre des programmes «Action Cœur de Ville» et «NPNRU – Nouvo Lorizon»
- la modernisation de son éclairage public et de celui des équipements sportifs
- le soutien aux activités du centre-ville
Olivier Hoarau n'a pas oublié de parler d'un autre partenaire important, le Département: "La Ville et le Conseil départemental finalisent la programmation de la nouvelle génération de contrat partenarial, désormais dénommé «Pacte Département et Territoires » (PDT), pour la période 2024-2026".
"Depuis 10 ans, Le Port a changé"
Parlant plus précisément de sa commune qu'il dirige depuis 10 ans, Olivier Hoarau est fier de la profonde mutation opérée pour que Le Port devienne une ville moderne et dynamique tout en préservant sa fierté et son identité militante. 152 millions d'euros ont été investis pour la mise en oeuvre de notre programme pensé autour de trois axes:
- l’épanouissement humain tout d’abord
- la cohésion sociale
- un développement équilibré et harmonieux du territoire
Le maire a cité un bon nombre de réalisations effectuées qu'il serait fastidieux de publier en détails. Citons toutefois le premier festival international "Jazz dan Port" qui a attiré 25 000 spectateurs et qui va être renouvelé, la création de la police municipale, l’installation de vidéo protection, la création de la Maison de la parentalité, de la Maison des Séniors, du pôle handicap, le dispositif du permis de conduire social, le déploiement de la gratuité de la cantine, l'expérimentation réussie du dispositif Territoire Zéro Chômeur Longue Durée.
"Toutes ces politiques de modernisation se sont traduites notamment par une délinquance en baisse constante, une attractivité du centre-ville qui s’intensifie, un taux d’emploi en croissance de 5% portant le nombre d’emplois à 20 913 postes" se félicite Olivier Hoarau.
Seul bémol concernant le centre-ville, le peu de commerces ouverts dans le Grand Marché: "Avec cette structure on revient de loin, il faudra retravailler l'intérieur, je suis convaincu que ça ira mieux" dit le maire qui confirme que la ville a réussi à faire baisser le taux d'endettement de sa ville à 1,9%, ce qui va permettre de lancer de nouveaux chantiers.
Les chantiers et la problématique de l'eau
Quelques grands chantiers en cours:
- la ZAC triangle de l’Oasis avec le campus Paul Vergès qui sera livré en 2028
- la construction de la nouvelle École d’Architecture
Les chantiers à venir:
- l’augmentation du nombre de places en crèche : + 600 d’ici à 2026
- les Portes de l’Océan
- le Kartié Maskareignes
- la construction de la nouvelle école Ariste Bolon
"Nous travaillons également à l'éradication de l'habitat indigne. En 2014, ce sont plus de 700 foyers qui vivaient dans des logements indignes. Aujourd’hui, 116 familles restent à reloger. Nous continuerons à nous battre pour trouver des solutions pérennes pour ces familles".
Autre problématique d'actualité évoquée par le maire du Port, l'eau. "J’adresse une pensée solidaire à mes amis du territoire de l’Est, particulièrement impactés en ce moment. Nous, au Port, commune construite sur un lieu aride, sommes confrontés à la logique d’efficience quant à l’emploi de cette ressource depuis des décennies.
Aussi avons-nous imaginé une solution de valorisation des eaux usées traitées, au sortir de station d’épuration depuis 2009(!!!). Il s’agit en fait de créer une ressource alternative pour les besoins d’irrigation d’espaces verts et industriels, ce qui permettra de faire l’économie d’1 million de m3 d’eau potabilisée par an.
Au terme d’un combat de plus de 10 ans, nous avons obtenu que le gouvernement accepte de faire évoluer la réglementation en notre sens. Nous sommes en train de relancer nos études de faisabilité économique pour entrer définitivement dans une ère d’optimisation vertueuse de notre ressource en eau".
La problématique mahoraise
"Bien sûr, ce qui se passe à Mayotte et les conséquences pour notre île, nous alertent. La désolation laissée par le cyclone Chido a plongé ce territoire dans le malheur et le doute. Appelée à la rescousse, La Réunion a répondu présente.
Les nombreuses initiatives de solidarité ont mis en exergue les liens très forts qui nous unissent. Qu’ils vivent à Mayotte ou à La Réunion, Mahorais, Réunionnais, métropolitains ont fait nation, celle de l’égalité et de la fraternité.
Pour autant, les contraintes inhérentes à cette solidarité ne doivent pas laisser la place aux relents identitaires ou racistes tellement contraires à notre société réunionnaise. Il faut arrêter de dire "Mahorais = délinquance".
C’est en cela que l’Etat doit être vigilant à ne pas bousculer nos équilibres fragiles (hôpitaux déjà saturés, demande de logement encore en attente, prisons saturées...). La solidarité ne s’improvise pas, elle s’organise. Les Réunionnais ont besoin d’être rassurés sur cette question.
A défaut, le Mahorais fera peur et nourrira les basses idées xénophobes. Notre responsabilité politique est de dénoncer ces discours contraires à notre ADN".
Les nombreuses initiatives de solidarité ont mis en exergue les liens très forts qui nous unissent. Qu’ils vivent à Mayotte ou à La Réunion, Mahorais, Réunionnais, métropolitains ont fait nation, celle de l’égalité et de la fraternité.
Pour autant, les contraintes inhérentes à cette solidarité ne doivent pas laisser la place aux relents identitaires ou racistes tellement contraires à notre société réunionnaise. Il faut arrêter de dire "Mahorais = délinquance".
C’est en cela que l’Etat doit être vigilant à ne pas bousculer nos équilibres fragiles (hôpitaux déjà saturés, demande de logement encore en attente, prisons saturées...). La solidarité ne s’improvise pas, elle s’organise. Les Réunionnais ont besoin d’être rassurés sur cette question.
A défaut, le Mahorais fera peur et nourrira les basses idées xénophobes. Notre responsabilité politique est de dénoncer ces discours contraires à notre ADN".
"Nous protéger de l'individualisme"
Olivier Hoarau a terminé son tour d'horizon par une note plus optimiste: "Les théories ultranationalistes guident les gouvernances les plus puissantes de notre planète. L’Humanité, dans ses conceptions les plus éclairées, s’en trouve menacée.
Mais comme toujours, l’Humanité triomphera de ces menaces, comme elle a su triompher des pires fléaux qu’elle a connus.
Ici, à La Réunion, nous saurons nous protéger de l’individualisme, du repli sur soi et de l’effacement identitaire au profit de l’uniformisation de la pensée".
Ici, à La Réunion, nous saurons nous protéger de l’individualisme, du repli sur soi et de l’effacement identitaire au profit de l’uniformisation de la pensée".
Aziz Patel
Photos Ville du Port
et A.P.