Covid-19 à La Réunion: 44 nouveaux cas en une semaine, la situation se dégrade

On croyait que depuis le 11 juillet, un test négatif au virus devait être présenté à l'enregistrement des passagers pour pouvoir être embarqué, il n'en est rien. On est en plein dans une semaine tous risques, car on a appris que cela ne sera effectif qu'à partir du 18 juillet. En attendant c'est open bar, tout le monde peut embarquer et transporter le virus chez nous!

Quand l'Agence Régionale de Santé écrit: "Dès lors que le décret du Premier ministre du 11 juillet 2020 rend obligatoire les tests pré-embarquements, de telles situations comme celles qui aboutissent à détecter 14 personnes positives à l'arrivée à l'aéroport ne pourront plus advenir: seules des personnes dépistées négatives pourront en effet prendre les vols à destination de La Réunion", cela prête évidemment à sourire. L'application du décret ne sera effective que le 18 juillet. La question est simple: pourquoi ce décret n'est-il pas sorti une semaine avant le 11 juillet pour être effectif dès le 11?

"Le Préfet de La Réunion et la directrice générale de l’Agence Régionale de Santé de La Réunion appellent les Réunionnais et les Réunionnaises à la vigilance et au civisme" , on veut bien monsieur le Préfet, mais ce n'est pas tant les Réunionnais qu'il faut gérer mais bien les arrivées à l'aéroport.
 

L'ARS peut se féliciter d'avoir pu détecter 14 cas positifs à l'arrivée hier dimanche, mais combien d'autres passagers arrivés depuis le 12 juillet sont porteurs du virus et ne seront positifs que dans quelques jours? Il y a 25 vols par semaine en provenance de la métropole et un vol en provenance de Mayotte.

Pour la métropole, si vous comptez une moyenne de 300 passagers par vol -on est en dessous des vrais chiffres- cela fait 7 500 personnes qui ont atterri à l'aéroport en une semaine. De Mayotte, territoire où l'urgence sanitaire est toujours d'actualité, à raison d'un vol par semaine, cela fait quand même plus de 300 personnes qui arrivent. Au total, près de 8 000 personnes arrivent à Roland Garros chaque semaine actuellement et le nombre de vols va encore augmenter ces prochains jours. 
 
Donc, entre le 11 et le 18 juillet, 7 500 personnes ont pu embarquer de Paris vers La Réunion sans avoir besoin de test avant embarquement. L'ARS est parvenue à contrôler 23 cas importés en une semaine, mais pour les milliers d'autres, sachant que le virus prend 7 jours pour se développer, il n'y aura aucun contrôle. C'est grave docteur? C'est surtout le bordel, excusez-nous l'expression.

 

Faut-il suspendre les vols entre Mayotte et La Réunion? Si un sondage était effectué, la réponse serait oui à une très grande majorité. Les Guyanais font tout actuellement pour que la frontière avec le Brésil, territoire rouge, soit totalement fermée, les Brésiliens transportant le virus vers le département français. Entre Mayotte, où le respect des gestes barrières est inexistant, et La Réunion, les vols, hors évacuations sanitaires et approvisionnement, devraient logiquement être suspendus jusqu'à la fin de l'urgence sanitaire là-bas. 

Ce samedi, un décret paru au Journal officiel, dit que les vols de et vers Mayotte sont interdits, sauf exceptions. Ainsi, "sont interdits, sauf s'ils sont fondés sur un motif impérieux d'ordre personnel ou familial, un motif de santé (...) ou un motif professionnel (...), les déplacements de personnes par transport public aérien entre, d'une part, la Guyane, Mayotte, la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie ou Wallis et Futuna et, d'autre part, tout point du territoire de la République". C'est déjà un pas important, reste à bien justifier les motifs qui seront invoqués.

Au moment où on parle de plus en plus d'une deuxième vague en métropole et d'un possible reconfinement par région, il est certain que La Réunion, qui a déjà beaucoup souffert des conséquences de cette épidémie, a besoin de se protéger. Quand bien même notre île a besoin de touristes pour sauver le secteur, il est nécessaire que les contrôles soient beaucoup plus stricts à tous les niveaux, la sécurité sanitaire étant prioritaire.

A.P.