Grand Corps Malade aux Francofolies à Saint-Pierre: "J'ai deux idoles: mon fils et Balkany" !

Fabien Marsaud, 43 ans cette année, né en Seine Saint-Denis, c'est son vrai nom. Grand Corps Malade (GCM), c'est son nom de scène qu'il dit «avoir aussi choisi pour son côté sioux". Slameur avant tout, poète, auteur-compositeur-interprète et aussi réalisateur français, Grand Corps Malade, marié et papa, de deux enfants de 10 ans et 7 ans, est aujourd'hui un homme heureux de vivre. Il faut dire qu'il revient de très loin...

Jeune, il était très fort au basket mais avait refusé d'intégrer un centre de formation qui aurait pu l'amener vers le très haut niveau. Un choix qu'il ne regrette pas. Après le Bac, il passe un diplôme d'études universitaires générales en Sciences et techniques des activités physiques et sportives. Il devient animateur.

C'est justement lors d'une colonie de vacances qu'il anime que Fabien Marsaud va connaître le drame de sa vie: le 16 juillet 1997 -il a alors 20 ans-, il fait un plongeon dans une piscine dont le niveau d'eau est trop bas et sa tête heurte le fond de la piscine. Les vertèbres déplacées, il est évacué en hélicoptère. Il restera pendant 3 mois dans le coma, avant de se réveiller entièrement paralysé. On lui annonce qu'il resterait probablement paralysé toute sa vie, mais il retrouve l'usage de ses jambes en 1999 après une année de rééducation.

Après l'accident, il obtient un diplôme d'études supérieures spécialisées de management sportif et travaille pendant quatre ans au Stade de France (entre 2001 et 2005), au service marketing. C'est en référence à ce handicap -et aussi à sa grande taille (1,96 m)- qu'il a pris le nom de scène de Grand Corps Malade en 2003.

 

Le slam va changer sa vie...

Le jeune Fabien écrivait ses premiers textes vers l'âge de 15 ans, mais n'envisageait pas de faire autre chose que du sport. Son accident le pousse à envisager d'autres orientations et c'est en octobre 2003 qu'il découvre le slam lors d'une scène ouverte dans un bar de la place de Clichy, à Paris, où il dit Cassiopée, son premier texte «de scène». Et c'est ainsi que débute sa carrière...

Depuis il a sorti plusieurs albums à succès, dont le dernier intitulé "Plan B". Grand Corps Malade s'est aussi dirigé vers le cinéma et a écrit et co-réalisé avec Medhi Idir deux films: "Patients",  et "La Vie Scolaire" (avec des acteurs novices issus de la banlieue). Quant à savoir s'il a été bien accueilli dans ce monde plutôt fermé, il répond: "Je ne me suis pas posé la question au moment où j'ai commencé. Comme partout, dans le cinéma, il y a des gens bien et des connards... Je trouve très cohérent de raconter des histoires autant à travers le slam qu'en réalisant des films".

"Pour moi, le slam est un terrain de liberté totale d'expression" dit-il. "Moi je le fais en vers, d'autres non, l'essentiel est de passer des messages. Au niveau des textes, on peut parler de tout, je parle beaucoup de mon parcours, de ma femme, de mes enfants, et on peut aussi évoquer des sujets d'actualité... Vous avez, j'ai deux idoles, mon fils et Balkany !" Grand Corps Malade dit ses textes, "mais j'ai aussi quelques passages chantés, comme dans Inchallah..."

Et quand on lui demande la différence entre le slam et le rap, GCM répond: "Il s'agit de deux styles cousins mais différents. Le slam c'est de l'a capella, dans le rap, les paroles sont beaucoup plus rapides. Il y a d'ailleurs plusieurs rappeurs que j'admire".

 

"Mettre Polanski en avant est une aberration..."

Invité à la récente cérémonie des César où le jeune Liam, acteur dans son film "La Vie Scolaire" était nominé, Grand Corps Malade a renoncé à y aller: "Je n'avais pas envie. On pourrait débattre des heures de la séparation de l'homme de l'artiste, mais quand on donne autant de nominations à un mec qui a une histoire un peu trouble, ce n'est pas acceptable. On veut mettre les femmes à l'honneur, on veut tourner la page des agressions sexuelles, et on met en avant Polanski que plusieurs femmes accusent. Il peut se permettre des choses parce que c'est un puissant, ce n'est pas normal. Pour un ouvrier ou un boulanger, le traitement aurait été différent"...

Grand Corps Malade est un militant de la cause féministe, et son prochain album qui sortira au printemps, est intitulé "Mesdames": "Il y a plusieurs duos avec des femmes dont je ne peux pas encore dévoiler les noms, et les messages en faveur des droits des femmes..."

Fabien Marsaud confirme également qu'il est entrain de préparer une série comédie et un troisième long métrage, sans annoncer de dates pour l'instant. "Je continue la scène et le cinéma, j'aime les deux" dit-il.

Après une tournée de 150 concerts qui s'est terminée en décembre, Grand Corps Malade était très heureux de venir à La Réunion et de rencontrer des artistes qu'il apprécie, dont Nekfeu et Suzane: "Il y a d'autres que je ne connais pas et que je vais découvrir, ainsi que des artistes locaux". Après les Francofolies réunionnaises, l'artiste fera encore 4 à 5 concerts avant de faire une pause.

En tout cas, pour son concert à Ravine Blanche ce vendredi soir, GCM a fait un malheur...

Aziz Patel
Photos Roland Chane