On se croirait volontiers dans un tribunal, mais avec un décalé de quelques jours dans les plaidoiries. Maîtres Laurent Payen, Yannick Mardénalom et Fabienne Lefèvre avaient donné leur version de ce qui s’était passé au Créolia le dimanche 10 janvier et porté des accusations contre le fils de Joé Bédier, prénommé Benjamin, 28 ans, qui, selon leurs clients Ricardo, Nehuda et Johanna, aurait commencé à frapper le premier, vidéo à l’appui.
C’est dans la Salle Le Sublime à Saint-André que Maître Robin Binsard, avocat de Joé Bédier, avait convié la presse ce lundi pour contrecarrer les propos tenus la semaine dernière, qualifiés par lui de «calomnieux, fallacieux, inexacts», précisant également que le maire ne s’exprimera plus face aux médias, laissant le soin à son conseil de le faire.
C’est dans la Salle Le Sublime à Saint-André que Maître Robin Binsard, avocat de Joé Bédier, avait convié la presse ce lundi pour contrecarrer les propos tenus la semaine dernière, qualifiés par lui de «calomnieux, fallacieux, inexacts», précisant également que le maire ne s’exprimera plus face aux médias, laissant le soin à son conseil de le faire.
«Je défends la liberté d’expression, mais il y a des limites à ne pas dépasser» dit-il. «On a sali Joé Bédier avec des allégations calomnieuses». Maître Binsard est particulièrement remonté contre Ricardo qui, dans une interview parue ce dimanche dans Le Parisien, a expliqué que «Joé Bédier avait cassé une chaise sur son dos». «Il n’y a aucune preuve de ce qu’il dit: pas de chaise cassée, pas de blessure au dos,…»
Sur la forme, l’avocat du maire relève ironiquement qu’il y a «trois avocats parmi les plus brillants de l’île» face à lui, mais le débat avocat métropolitain contre avocats réunionnais est «insoutenable» dit-il: «Je suis avocat parisien et je m’en excuse pas. Il y a des avocats réunionnais qui plaident en métropole, et vice-versa, chacun est libre de choisir son avocat. J’ai déjà plaidé à deux reprises pour Mr Bédier (affaire Graphica et affaire de diffamation contre Jean-Paul Virapoullé), il n’a pas été condammé. Je précise que dans cette troisième affaire, c’est Mr Bédier qui paye mes honoraires et non la mairie de Saint-André».
Pour lui, «le récit d’une bagarre -et non d’une agression- livré par les avocats adverses est séduisant, mais aucun élément sérieux n’est apporté, on n’a entendu que des contrevérités».
"Le fils du maire s'est défendu de manière maladroite..."
Maître Binsard énumère les accusations portées contre son client:
- «on dit qu’il avait le visage immaculé alors qu’il a reçu des coups. J’ai consulté des documents médicaux qui prouvent que Joé Bédier avait des ecchymoses, des abrasions et il a eu plusieurs jours d’ITT. Son épouse Bernadette a eu 7 jours d’ITT et sa fille Laurence 6 jours. Les trois ont bien été agressés
- on dit que Ricardo n’a pas de casier judiciaire, mais à deux reprises, en 2015 et en 2017, il a été condamné. Cela n’apparaît pas sur son Bulletin n°3, mais des jugements ont bien été prononcés
- on dit que c’est Benjamin Bédier qui a frappé en premier, ce n’est pas crédible. Sur les vidéos, on voit que le fils du maire se débat, je reconnais qu’il a eu des gestes maladroits pour se défendre, mais il était en état de légitime défense d’autrui. Sa chemise en jean bleue a été déchirée dans le dos
- on dit que Joé Bédier a appelé ses hommes à la rescousse, mais mon client n’est pas commandeur d’une armée occulte. Il n’y a pas eu d’incitation à la haine de sa part, au contraire il a appelé à l’apaisement. Si nécessaire, nous porterons plainte pour dénonciation calomnieuse
- on dit que Joé Bédier a voulu médiatiser cette affaire pour raisons électorales. Il vient d’être élu, il n’a pas aucune échéance électorale».
"Il y avait plus de Ricard que d'eau..."
Selon Maître Binsard, «l’émission des Anges était en perte de vitesse, cette affaire permet de la relancer». De là à dire que cette bagarre générale aurait été préméditée pour relancer «Les Vacances des Anges», il y a un pas que le conseil de Joé Bédier n’a pas franchi… «L’enquête établira la vérité» dit-il.
En résumé, Maître Robin Binsard ne nie pas que le fils du maire a aussi frappé, «pour se défendre» dit-il, mais à la question de savoir qui a commencé, aucune réponse claire n’a été apportée par les deux parties. Au vu de toutes les vidéos visionnées, s’agissant de plusieurs séquences, personne n’est en mesure de donner un ordre précis de ces séquences filmées par les uns et les autres.
Benjamin Bédier était-il alcoolisé au moment des faits? «Je ne peux pas répondre à cette question, mais je pense que du côté de Ricardo, il y avait plus de Ricard que d’eau…» glisse-t-il malicieusement.
Il est certain qu’on est encore loin de la polémique concernant cette affaire de violences de l’hôtel Créolia, mais in fine, c’est bien le procureur de la République qui va décider de la suite à donner.
Aziz Patel