C'est à l'occasion d'une conférence de presse qui a eu lieu à l'issue de la réunion de la commission permanente que Didier Robert a souhaité apporter un éclairage sur cette fameuse Nouvelle Route du Littoral (NRL) tant décriée. "Je suis en colère, certains élus ne pensent pas à l'intérêt général mais se focalisent sur des querelles de personnes".
L'occasion aussi pour lui de retracer l'historique de la construction de cette route depuis... 1994! (lire plus bas)
"C'est un dossier complexe et un chantier difficile" reconnait le président de Région, "les travaux ont débuté en 2014, à chaque problème survenu, on a trouvé une solution avec comme objectif constant la nécessité de terminer le chantier dans un délai le plus serré possible et à un juste prix. Ce n'est pas la route de Didier Robert, mais une route sécurisée pour les Réunionnais" dit-il.
Didier Robert a rappelé d'abord que depuis octobre 2019, il y a un contentieux avec le groupement en charge des travaux , ce qui a quasiment stoppé les travaux. "Nous avons résilié le contrat pour faute, un premier protocole d'accord mis en place en janvier n'a pas été réalisé. En juillet, sous l'égide de l'Etat, un protocole a enfin été signé, actant le redémarrage du chantier en accéléré dès le 15 septembre".
L'occasion aussi pour lui de retracer l'historique de la construction de cette route depuis... 1994! (lire plus bas)
"C'est un dossier complexe et un chantier difficile" reconnait le président de Région, "les travaux ont débuté en 2014, à chaque problème survenu, on a trouvé une solution avec comme objectif constant la nécessité de terminer le chantier dans un délai le plus serré possible et à un juste prix. Ce n'est pas la route de Didier Robert, mais une route sécurisée pour les Réunionnais" dit-il.
Didier Robert a rappelé d'abord que depuis octobre 2019, il y a un contentieux avec le groupement en charge des travaux , ce qui a quasiment stoppé les travaux. "Nous avons résilié le contrat pour faute, un premier protocole d'accord mis en place en janvier n'a pas été réalisé. En juillet, sous l'égide de l'Etat, un protocole a enfin été signé, actant le redémarrage du chantier en accéléré dès le 15 septembre".
"L'objectif constant c'est la nécessité de terminer le chantier dans un délai le plus serré possible et à un juste prix" dit Didier Robert
Un nouveau marché pour terminer la NRL
En fait, c'est un petit bout de digue (216 mètres) du côté de la Grande Chaloupe et une voie de raccordement à l'actuelle route qui seront réalisés à partir du 15 septembre pour une durée de 12 mois, la capacité en matériaux étant assurée jusqu'à cette date, "ce qui nous permettra d'ouvrir le viaduc jusqu'à la Grande Chaloupe fin 2021" affirme Didier Robert. Coût de ces premiers travaux: 40 millions d'euros, l'Etat prenant en charge la moitié.
Le marché de la digue entre la Grande Chaloupe et La Possession, attribué au groupement, ayant été résilié à l'amiable, un appel d'offres sera lancé avant fin 2020, et un nouveau marché sera attribué pour cette partie à finir, les travaux devant débuter à partir d'octobre 2021, le président de Région estimant une fin totale de la NRL à fin 2023, ce qui est particulièrement optimiste. Son vice-président Dominique Fournel avait évoqué récemment 2024, et des experts en la matière ont avancé 2025 pour la livraison totale de la route. Qui vivra verra!
En fait, c'est un petit bout de digue (216 mètres) du côté de la Grande Chaloupe et une voie de raccordement à l'actuelle route qui seront réalisés à partir du 15 septembre pour une durée de 12 mois, la capacité en matériaux étant assurée jusqu'à cette date, "ce qui nous permettra d'ouvrir le viaduc jusqu'à la Grande Chaloupe fin 2021" affirme Didier Robert. Coût de ces premiers travaux: 40 millions d'euros, l'Etat prenant en charge la moitié.
Le marché de la digue entre la Grande Chaloupe et La Possession, attribué au groupement, ayant été résilié à l'amiable, un appel d'offres sera lancé avant fin 2020, et un nouveau marché sera attribué pour cette partie à finir, les travaux devant débuter à partir d'octobre 2021, le président de Région estimant une fin totale de la NRL à fin 2023, ce qui est particulièrement optimiste. Son vice-président Dominique Fournel avait évoqué récemment 2024, et des experts en la matière ont avancé 2025 pour la livraison totale de la route. Qui vivra verra!
Plusieurs obstacles en vue
Il y a en réalité plusieurs obstacles à surmonter avant de pouvoir avancer. D'abord il y a les réclamations du groupement en charge des travaux du viaduc, qui demande 414 millions d'euros -chiffre énorme- de surcoût, le marché avait été conclu pour 659 millions d'euros, ce qui reviendrait à une somme de 1,73 milliard d'euros! La Région conteste cette "demande excessive", les négociations sont en cours et devraient durer plusieurs mois.
Deuxième problème: l'approvisionnement en matériaux, non confirmé à ce jour. "Il faudrait 7 millions de m3 de roches pour terminer la digue" dit Nicolas Morbé, directeur des Routes à la Région, mais la collectivité va présenter prochainement "un plan andains". S'agissant de l'ouverture de carrières, l'expérience le prouve, il faut s'attendre encore à des recours qui vont retarder le chantier.
Reste la partie financement pour terminer définitivement cette NRL. "Dans les Accords de Matignon, il était bien stipulé qu'en cas de dépassement du budget initial, seule la Région devait assurer le surcoût, l'Etat ne s'engageant pas. Dans le cas d'un nouveau marché, l'Etat s'est engagé financer une partie des travaux" dit Didier Robert.
Pour quel montant? La Région a demandé 100 millions d'euros dans le cadre du plan de relance, pour l'instant la somme précise n'a pas encore été validée par le gouvernement. "On n'a pas besoin de cet argent maintenant, mais uniquement à partir de l'attribution du nouveau marché".
Didier Robert devrait en savoir un peu plus cette fin de semaine, une réunion des présidents de régions avec des Ministres et le Premier Ministre étant prévue. A ceux qui critiquent l'utilisation de l'argent du plan de relance pour la NRL, la réponse est claire: "Le plan de relance est justement destiné à financer des travaux en cours ou prêts à démarrer, la NRL entre parfaitement dans ce cadre".
Il y a en réalité plusieurs obstacles à surmonter avant de pouvoir avancer. D'abord il y a les réclamations du groupement en charge des travaux du viaduc, qui demande 414 millions d'euros -chiffre énorme- de surcoût, le marché avait été conclu pour 659 millions d'euros, ce qui reviendrait à une somme de 1,73 milliard d'euros! La Région conteste cette "demande excessive", les négociations sont en cours et devraient durer plusieurs mois.
Deuxième problème: l'approvisionnement en matériaux, non confirmé à ce jour. "Il faudrait 7 millions de m3 de roches pour terminer la digue" dit Nicolas Morbé, directeur des Routes à la Région, mais la collectivité va présenter prochainement "un plan andains". S'agissant de l'ouverture de carrières, l'expérience le prouve, il faut s'attendre encore à des recours qui vont retarder le chantier.
Reste la partie financement pour terminer définitivement cette NRL. "Dans les Accords de Matignon, il était bien stipulé qu'en cas de dépassement du budget initial, seule la Région devait assurer le surcoût, l'Etat ne s'engageant pas. Dans le cas d'un nouveau marché, l'Etat s'est engagé financer une partie des travaux" dit Didier Robert.
Pour quel montant? La Région a demandé 100 millions d'euros dans le cadre du plan de relance, pour l'instant la somme précise n'a pas encore été validée par le gouvernement. "On n'a pas besoin de cet argent maintenant, mais uniquement à partir de l'attribution du nouveau marché".
Didier Robert devrait en savoir un peu plus cette fin de semaine, une réunion des présidents de régions avec des Ministres et le Premier Ministre étant prévue. A ceux qui critiquent l'utilisation de l'argent du plan de relance pour la NRL, la réponse est claire: "Le plan de relance est justement destiné à financer des travaux en cours ou prêts à démarrer, la NRL entre parfaitement dans ce cadre".
Une durée de travaux largement dépassée
On l'a compris, il y a encore beaucoup d'eau de mer qui passera et repassera sous le viaduc avant de voir le bout de cette route digue. Les travaux étaient prévus pour une durée entre 5 et 6 ans depuis 2014. Les 6 ans sont passés, et la fin du chantier est encore loin. Dans la version optimiste de 2023, cela ferait 10 ans de travaux, et si le chantier est livré en 2025, cela ferait 12 ans de travaux, énorme!
A la question de savoir pourquoi la collectivité n'a pas opté pour un tout-viaduc, le président répond: "En 2010, on nous a dit que cela aurait coûté 150 millions d'euros de plus, il était inimaginable de prendre une telle décision à ce moment-là".
Toujours est-il qu'on est déjà passé de 1,6 milliard à 1,8 milliard d'euros -soit déjà 200 millions de plus-, sans compter les aléas qui vont venir se greffer sur cette dernière tranche -notamment l'augmentation du prix des matériaux- et qui risquent d'alourdir la facture. Pas besoin d'être devin pour dire que cette NRL va coûter au minimum 2 milliards d'euros. On ne peut pas s'empêcher de penser que le tout-viaduc aurait certainement été terminé en 2020...
Chaque année, 30 000 nouveaux véhicules sont immatriculés à La Réunion. 80 000 usagers empruntent la route du littoral chaque jour. Quand cette NRL sera ouverte à la circulation, en partie en 2021, et pour la totalité au mieux en 2023, au pire en 2025, plus de 100 000 nouveaux véhicules circuleront dans l'île, combien seront-ils sur cette NRL chaque jour?
Par ailleurs la Nouvelle Entrée Ouest (NEO) de Saint-Denis en est seulement à sa phase de débat public cette année, les travaux vont prendre plusieurs années. Pour arriver à Saint-Denis, les bouchons débuteront à La Possession, les voitures seront à la queue leu leu sur la route digue et sur le viaduc, les conducteurs pourront toujours admirer la falaise... de loin!
Aziz Patel
Photos David Chane
On l'a compris, il y a encore beaucoup d'eau de mer qui passera et repassera sous le viaduc avant de voir le bout de cette route digue. Les travaux étaient prévus pour une durée entre 5 et 6 ans depuis 2014. Les 6 ans sont passés, et la fin du chantier est encore loin. Dans la version optimiste de 2023, cela ferait 10 ans de travaux, et si le chantier est livré en 2025, cela ferait 12 ans de travaux, énorme!
A la question de savoir pourquoi la collectivité n'a pas opté pour un tout-viaduc, le président répond: "En 2010, on nous a dit que cela aurait coûté 150 millions d'euros de plus, il était inimaginable de prendre une telle décision à ce moment-là".
Toujours est-il qu'on est déjà passé de 1,6 milliard à 1,8 milliard d'euros -soit déjà 200 millions de plus-, sans compter les aléas qui vont venir se greffer sur cette dernière tranche -notamment l'augmentation du prix des matériaux- et qui risquent d'alourdir la facture. Pas besoin d'être devin pour dire que cette NRL va coûter au minimum 2 milliards d'euros. On ne peut pas s'empêcher de penser que le tout-viaduc aurait certainement été terminé en 2020...
Chaque année, 30 000 nouveaux véhicules sont immatriculés à La Réunion. 80 000 usagers empruntent la route du littoral chaque jour. Quand cette NRL sera ouverte à la circulation, en partie en 2021, et pour la totalité au mieux en 2023, au pire en 2025, plus de 100 000 nouveaux véhicules circuleront dans l'île, combien seront-ils sur cette NRL chaque jour?
Par ailleurs la Nouvelle Entrée Ouest (NEO) de Saint-Denis en est seulement à sa phase de débat public cette année, les travaux vont prendre plusieurs années. Pour arriver à Saint-Denis, les bouchons débuteront à La Possession, les voitures seront à la queue leu leu sur la route digue et sur le viaduc, les conducteurs pourront toujours admirer la falaise... de loin!
Aziz Patel
Photos David Chane
Imaginez le volume incroyable de roches nécessaires pour faire la route digue, pour combler la profondeur de l'océan et ensuite monter la route à 13 mètres de hauteur: travail titanesque!
Historique de la route du littoral
Didier Robert a profité de l'occasion pour retracer les différentes étapes du projet de construction de cette route qui fait tant parler et dont l'histoire a commencé en... 1991.
- 1991: premières études
- 1994: première enquête publique
- 1995: lancement officiel des études
- 1998: un rapport dit que la route actuelle, dangereuse, doit être abandonnée
- 2003: travaux de sécurisation de la route actuelle
- mars 2006: éboulis mortel
- avril 2006: Dominique Perben, Ministre des Transports, vient dans l'île et dit qu'il faut "accélérer le projet"
- juin 2006: concertation sur le choix de l'itinéraire
- 2008: la solution B1 digue/viaduc/tunnel est choisie, la décision est entérinée en assemblée plénière à l'unanimité des élus sauf deux abstentions
- 2009: premiers Accords de Matignon avec Dominique de Villepin, Premier Ministre
"Dès 2010, la question des matériaux a été posée, mais tout le monde disait que c'était simple" explique Didier Robert. "On avait besoin de 5,6 millions de m3 de roches, le schéma d'aménagement avait été revu concernant les carrières. Il y a eu trois propositions pour récupérer les matériaux nécessaires: démolition de la route actuelle, utilisation des déblais recueillis lors des extractions pour le tunnel, et ouverture de carrières nouvelles".
Trois carrières avaient été identifiées à l'époque: Ravine à Jacques, Pointe du Gouffre et La Possession, "des carrières toujours non utilisées à ce jour" précise le président de Région.
"En 2006, le tracé B1 a été voté à l'unanimité des élus (la majorité régionale PS, dont Monique Orphée, et PCR, et la droite). En 2010, les mêmes élus ont voté contre" regrette Didier Robert. "Deux modifications avaient été apportées au projet: deux voies supplémentaires pour les transports en commun, et suppression du péage prévu, c'est incompréhensible".
Le président de Région rappelle également qu'en 2007 et 2009, plusieurs expertises, dont certaines environnementales, ont été menées, et suite aux rapports, le Ministère de l'Ecologie avait validé le projet. "Nous avons eu droit à 89 recours, un record! Des recours qui ont engendré des frais énormes d'avocats et d'experts, il s'agit de l'argent public des contribuables. A ce jour, 80 000 véhicules utilisent la route actuelle quotidiennement, il en va de leur sécurité".
Didier Robert s'est plu à établir un parallèle avec la Route des Tamarins: "Il a fallu 4 mandatures, de Pierre Lagourgue en 1992 à Paul Vergès en 2009 pour construire cette route dont le coût a doublé, passant des 600 millions d'euros du début à 1,2 milliard d'euros, et il n'y a jamais eu de recours contre la Route des Tamarins. La NRL est la route des Réunionnais, il faut arrêter avec les querelles de personnes afin qu'on puisse la terminer".
Didier Robert a profité de l'occasion pour retracer les différentes étapes du projet de construction de cette route qui fait tant parler et dont l'histoire a commencé en... 1991.
- 1991: premières études
- 1994: première enquête publique
- 1995: lancement officiel des études
- 1998: un rapport dit que la route actuelle, dangereuse, doit être abandonnée
- 2003: travaux de sécurisation de la route actuelle
- mars 2006: éboulis mortel
- avril 2006: Dominique Perben, Ministre des Transports, vient dans l'île et dit qu'il faut "accélérer le projet"
- juin 2006: concertation sur le choix de l'itinéraire
- 2008: la solution B1 digue/viaduc/tunnel est choisie, la décision est entérinée en assemblée plénière à l'unanimité des élus sauf deux abstentions
- 2009: premiers Accords de Matignon avec Dominique de Villepin, Premier Ministre
"Dès 2010, la question des matériaux a été posée, mais tout le monde disait que c'était simple" explique Didier Robert. "On avait besoin de 5,6 millions de m3 de roches, le schéma d'aménagement avait été revu concernant les carrières. Il y a eu trois propositions pour récupérer les matériaux nécessaires: démolition de la route actuelle, utilisation des déblais recueillis lors des extractions pour le tunnel, et ouverture de carrières nouvelles".
Trois carrières avaient été identifiées à l'époque: Ravine à Jacques, Pointe du Gouffre et La Possession, "des carrières toujours non utilisées à ce jour" précise le président de Région.
"En 2006, le tracé B1 a été voté à l'unanimité des élus (la majorité régionale PS, dont Monique Orphée, et PCR, et la droite). En 2010, les mêmes élus ont voté contre" regrette Didier Robert. "Deux modifications avaient été apportées au projet: deux voies supplémentaires pour les transports en commun, et suppression du péage prévu, c'est incompréhensible".
Le président de Région rappelle également qu'en 2007 et 2009, plusieurs expertises, dont certaines environnementales, ont été menées, et suite aux rapports, le Ministère de l'Ecologie avait validé le projet. "Nous avons eu droit à 89 recours, un record! Des recours qui ont engendré des frais énormes d'avocats et d'experts, il s'agit de l'argent public des contribuables. A ce jour, 80 000 véhicules utilisent la route actuelle quotidiennement, il en va de leur sécurité".
Didier Robert s'est plu à établir un parallèle avec la Route des Tamarins: "Il a fallu 4 mandatures, de Pierre Lagourgue en 1992 à Paul Vergès en 2009 pour construire cette route dont le coût a doublé, passant des 600 millions d'euros du début à 1,2 milliard d'euros, et il n'y a jamais eu de recours contre la Route des Tamarins. La NRL est la route des Réunionnais, il faut arrêter avec les querelles de personnes afin qu'on puisse la terminer".