Didier Estèbe, directeur général adjoint du Crédit Agricole de La Réunion, Frédérique Bedos, et Didier Grand, directeur général du Crédit Agricole de La Réunion
A peine débarquée de l'avion avec 2h30 de retard en raison d'un atterrissage forcé à Rome pour un passager souffrant, Frédérique Bedos, en pleine forme malgré tout, a rencontré le presse locale au Crédit Agricole pour une présentation de son "Projet Imagine".
"Habituellement nous invitons des hommes à notre Grand Forum, cette fois on a choisi une femme pour une sensibilisation sur notre pouvoir d'agir" a expliqué en préambule Didier Estèbe, directeur général adjoint du Crédit Agricole de La Réunion.
"Nous avons connu plusieurs crises et nous en connaissons encore, cela a affecté le moral, il s'agit de délivrer un message d'espoir et d'amour, un message optimiste, et Frédérique Bedos est venue pour que les participants aux différents rendez-vous prévus portent un regard sur soi, sur ses propres valeurs, puis un regard sur autrui et le pouvoir d'agir de chacun.
Un rôle précieux, utile et riche de sens. Il s'agit là d'une autre façon d'être au monde en rassemblant nos forces dans une même dynamique de changement constructif. Bien-vivre ensemble oui, bien-faire ensemble c'est encore mieux".
Frédérique Bedos, journaliste pendant 20 ans, notamment pour France 2, Europe 1 et MTV, a dit sa joie d'être présente pour la première fois à La Réunion, "contente de pouvoir rencontrer des femmes et des hommes afin de présenter Le Projet Imagine".
Frédérique Bedos garde toujours le sourire: "La clé du bonheur passe par la joie de se sentir utile"...
Une ONG d'information, d'inspiration et d'action
C'est en avril 2017 que son ONG d'information a été reconnue par "les Nations Unies: "Il s'agit d'une ONG hybride et c'est très rare d'avoir une telle reconnaissance" dit celle qui entend "mettre mes compétences professionnelles dans la sphère médiatique. Notre slogan: "De l'inspiration et de l'action". L'inspiration vient de nos contenus audiovisuels, nos documentaires, nos fictions, nos conférences, nos podcasts, de nos valeurs humanistes incarnées. Nous touchons ainsi des personnes ordinaires qui peuvent devenir des personnes extraordinaires, c'est l'effet miroir, la valeur inspirationnelle du projet.
A partir de là, on passe au pôle action. Nous avons mis en place des programmes d'accompagnement dans l'action, adaptés à des publics divers et variés, de la maternelle à l'université, en passant par les entreprises et les associations.
On ajuste nos programmes à ceux de l'Education nationale. Plus on touche un public jeune, mieux c'est pour le futur adulte qu'il sera. Nous mettons en place un atelier Imagine par semaine avec les professeurs, et nous fournissons un kit pédagogique aux enseignants.
Il s'agit d'une culture de la paix et de l'engagement, et aussi de la solidarité, d'un chemin vers l'autre. Il faut labourer le terrain, réveiller la flamme qui est en chacun d'entre nous et ensuite de l'entretenir. Nous disons "Vous pouvez faire partie de la solution". C'est le meilleur moyen de passer à l'action et cela permet de mieux comprendre la complexité du monde."
"On vit en médiacratie, l'information est dévoyée pour faire de l'audience, d'où des fake news et des excès"...
"La joie de se sentir utile"
Frédérique Bedos confirme que les premiers ateliers inspirationnels "permettent aux uns et aux autres de découvrir des richesses insoupçonnées. Dans les écoles par exemple, l'atmosphère de la classe change, même chez les tout-petits. La classe est plus soudée, on sent de l'empathie. On goûte à la joie de se sentir utile, on décide d'un projet en commun, et à la fin de l'année scolaire, il y a des "célébrations", des moments festifs. Dans la société, on a des droits et des devoirs, mais on a aussi le pouvoir d'agir, c'est une leçon pour toute une vie".
Concernant le programme universitaire, Frédérique Bedos précise "qu'un travail sur l'école du futur a été mis en place avec l'Unesco. Le premier volet est intitulé "Média esprit critique". On vit en médiacratie, l'information est dévoyée pour faire de l'audience, d'où des fake news et des excès. Il faut apprendre à rester lucide".
En janvier 2015, la réalisatrice a sorti le documentaire "Des Femmes et des Hommes" qui propose "un regard mondial sur l'égalité femmes-hommes. Il aborde le sujet d'un point de vue historique, économique et culturel en donnant la parole à des intervenants internationaux spécialisés sur ces questions".
Le film a été vu à ce jour par plus de 55 millions de personnes, a été sélectionné au ‘’Festival de Cannes 2016’’ et a obtenu le Prix d’Argent du meilleur film documentaire aux ‘’Deauville Green Awards 2016’’. Il a été présenté aux Nations Unies (New York, Genève), à l’Unesco, à Matignon, à l’Assemblée nationale et à la COP22.
"Loin des clichés, "Des Femmes et des Hommes" fait prendre conscience que, pour faire face aux défis de notre temps, la voie de l’égalité pour tous est la voie du progrès" explique Frédérique Bedos. "Il ne s'agit pas d'une guerre des sexes, mais de dire qu'on peut vivre en paix les uns avec les autres et de promouvoir la cohésion sociale".
Par les temps qui courent, le message a besoin d'être répété en permanence...
Didier Grand, Frédérique Bedos et Didier Estèbe lors de la conférence de presse au siège du Crédit Agricole
"Un devoir de responsabilité sociétale"
Didier Grand, directeur général du Crédit Agricole de La Réunion, a expliqué que Frédérique Bedos correspondait parfaitement aux valeurs défendues par la banque, à savoir la responsabilité, la solidarité et la proximité: "Le Crédit Agricole est la banque des gens ordinaires et cultive la certitude du développement par le progrès. La coopération devient compliquée, nous avons donc un devoir d'optimisme et de responsabilité sociétale.
Nous détenons 30% de parts de marché à La Réunion et à Mayotte, nous avons un tissu d'entrepreneurs résilients, la demande de crédits reste forte, preuve que la confiance en l'avenir est bien là et c'est important. Bâti sur un socle de valeurs fortes, notre modèle place à la fois l'intérêt collectif et l'humain au cœur de nos décisions. Des valeurs guidées par la conscience des défis qui marquent nos territoires réunionnais et mahorais.
On nous parle régulièrement de souveraineté alimentaire, c'est impossible. Je crois surtout en l'augmentation de productions locales, car l'agriculture sert avant tout à nourrir les gens.
L'engagement admirable de Frédérique Bedos qu'elle défend dans de nombreuses institutions correspond en tous points à la raison d'être du Crédit Agricole de La Réunion: agir chaque jour au service du développement durable de notre île et d'une société réunionnaise plus inclusive" a dit Didier Grand qui a aussi salué la diversité et la liberté de la presse, et recommandé la lecture de "La Petite fille à la balançoire" (éditions J'ai Lu), livre-témoignage autobiographique de Frédérique Bedos (voir ci-dessous).
Pendant son séjour dans l'île, la responsable du Projet Imagine a animé avec passion conférences, masterclass, et assuré plusieurs interventions, suivies de débats. "J'ai quitté le journalisme, c'était plus fort que moi, je voulais mettre en place ce projet et je regrette rien" dit-elle. A La Réunion, elle espère avoir suscité de l'inspiration, avec en prime de l'action à venir...
Texte et photos
Aziz Patel
Un livre autobiographique écrit avec la collaboration de Valérie Péronnet
Un livre pour faire face à l'adversité
Frédérique Bedos a publié en 2015 "La petite fille à la balançoire - L'amour m'a sauvée" aux éditions J'ai Lu. Un livre autobiographique comme thérapie? "Non" répond l'auteure, "j'ai beaucoup réfléchi avant de l'écrire, mais face à l'adversité, c'était une opportunité. Ce livre est un concentré de diversités et il aborde des questions existentielles d'actualité" dit-elle.
Le pitch
C'est l'histoire d'une petite fille dont la maman sombre lentement dans la maladie mentale. Elle rencontre une famille extraordinaire de la banlieue de Lille, qui adopte des enfants du monde entier. Adolescente, elle partage son temps entre cette maison du bonheur et des moments compliqués avec sa mère à la dérive. Entre amour doux et amour fou: voici la vie de Frédérique Bedos.
Le bac en poche à seize ans, elle débarque à la capitale pour ses études. Repérée par un producteur américain, sa vie s'accélère entre Paris, Londres et New York. Malgré tout, les prime time sur MTV, France 2 ou M6 ne parviendront jamais à lui faire oublier d'où elle vient et à qui elle doit d'être sauvée.
Un livre étonnant, qui témoigne d'une force et d'une joie de vivre qui nous emportent.