Frédéric Ayangma, directeur régional Réunion la 1ère, Samantha Nahama, directrice générale Canal+ Réunion/Mayotte, et Sylvain Péguillan, directeur général Antenne Réunion
"C'est une première historique" s'est exclamée Samantha Nahama, directrice générale Canal+ Réunion/Mayotte, "trois chaînes locales réunies pour un même combat!".
La conférence de presse qui a réuni Canal+ Réunion/Mayotte, Antenne Réunion et Réunion la 1ère avait pour but de présenter la campagne de communication sur le sujet du piratage audiovisuel, 5 spots télé étant actuellement diffusés et ce pendant au moins trois semaines.
"Il s'agit d'une démarche responsable collective" dit Samantha Nahama, "la consommation audiovisuelle piratée a été banalisée et augmente alors qu'elle représente des pertes considérables pour les opérateurs: un nombre très important de désabonnements, 250 millions d'euros de chiffre d'affaires perdus".
Les clients des opérateurs se tournent vers des plateformes de streaming gratuites ou à très bas prix, sur lesquelles ils peuvent télécharger des films, des séries, et voir de matchs de football. En 2022, 46% des Réunionnais ont confié avoir eu recours à des offres de streaming. Et 67% des consommateurs ont entre 15 et 39 ans.
"Au niveau national, le manque à gagner est de 1,3 milliard d'euros, ce qui constitue des pertes fiscales de l'ordre de 332 millions d'euros, et la suppression de 2 650 emplois" dit Sylvain Péguillan, directeur général d'Antenne Réunion. "Le piratage est une pratique punie par la loi, que ce soit pour le pirate (jusqu'à 300 000 euros d'amende et 3 ans de prison), que pour le consommateur (1 500 euros d'amende), mais pas vraiment quantifiable hélas".
Les chaînes gratuites aussi concernées
Les opérateurs payants tels que Canal+ sont véritablement concernés par le piratage audiovisuel, mais quid des chaînes gratuites Antenne Réunion et Réunion la 1ère? "Même si l'impact est plus faible pour nous, nous en sommes victimes. Tout ce qui concerne l'industrie audiovisuelle nous affecte, et la valeur du produit culturel est dégradée" dit Frédéric Ayangma, directeur régional Réunion la 1ère.
"Nous achetons des droits de diffusion, et particulièrement actuellement avec le Mondial, et nous proposons à nos annonceurs des spots pour ces programmes. D'où leur colère quand ils constatent que les matchs sont piratés" explique à son tour Sylvain Péguillan.
Les 5 spots télé ont été réalisés dans un esprit fun et décalé et sont diffusés sur les trois chaînes, ils seront aussi diffusés aux Antilles et en Nouvelle Calédonie. Atteindront-ils leur but? S'agissant de "sensibiliser" oui, mais s'il s'agit de stopper le piratage, c'est une autre histoire. Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, difficile de tout contrôler.
En tout cas la réglementation s'installe par le biais de l'ARCOM (Autorité publique française de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique), peut-être qu'après quelques amendes médiatisées, la pratique diminuera...
Aziz Patel
Photos Marcelino Aumord