Jérôme Filippini, Préfet de La Réunio, et Nicolas Le Gall, directeur régional des Douanes, avec les douaniers de l'aéroport
Pour bien montrer la détermination des autorités et féliciter les forces de l'ordre dans leur ensemble pour leur professionnalisme sur le sujet des drogues, Jérôme Filippini, Préfet de La Réunion, et Véronique Denizot, procureure de la République près le Tribunal judiciaire de Saint-Denis, sont venus à l'aéroport Roland Garros à la rencontre des différentes équipes engagées dans la lutte contre les trafics de stupéfiants à l’occasion d’une présentation des missions et des services.
Nicolas Le Gall, directeur régional des Douanes, et les deux responsables d'équipes de l'aéroport Roland Garros, Yohan Daval, responsable contrôle du fret express, et Jean-Pierre Deléage, responsable du circuit passagers, ont d'abord fait un point sur la situation actuelle, qui est préoccupante.
"Depuis 2019, le trafic de drogues augmente régulièrement, mais cette année en particulier, les chiffres sont alarmants" dit Nicolas Le Gall. "En effet sur les 6 premiers mois 2023, nous avons comptabilisé une saisie déjà supérieure que sur toute l'année 2022. Les drogues arrivent par fret express, dans les bagages des passagers, ou dans l'estomac de mules (NDLR: des passeurs payés par des trafiquants), ce qui est très dangereux pour leur santé. Il faut reconnaître qu'il y a un regain de mules et une recrudescence de saisie de cocaïne".
La drogue du zombie, une première en France
Cocaïne, ecstasy, kétamine, zamal,... arrivent à La Réunion chaque jour. "Nous avons découvert de la cocaïne rose, un nouveau produit qui arrive notamment dans des bouteilles de vin" précise Yohan Daval, "mais surtout nous avons saisi récemment une drogue que l'on trouve aux Etats-Unis et qui fait des ravages mortels, la drogue du zombie, responsable de plusieurs milliers de décès. C'est la première fois que l'on découvre cette drogue en France. Il s'agit de xylazine découvert dans une enveloppe, un produit anesthésiant utilisé pour les animaux d'Afrique, c'est vous dire les dégâts qu'il peut causer".
La majorité du trafic vient de métropole, et chaque jour plusieurs milliers de personnes débarquent dans l'île, à raison d'une moyenne de 400 passagers par avion, ce qui ne facilite pas le travail des douaniers. "Hélas certains trafiquants passent à travers" regrette Jean-Pierre Deléage. "Les trafiquants ont un coup d'avance, souvent ils utilisent des leurres, à savoir de faux passeurs, afin de distraire les douaniers des vrais passeurs. Mais nous avons réalisé quelques saisies emblématiques et nous restons mobilisés pour lutter contre le trafic de stupéfiants".
"La drogue n'a pas sa place à La Réunion"...
"La lutte contre les trafics de stupéfiants est une priorité de l’État à La Réunion" a dit le Préfet. "Ces derniers mois, les investigations menées par les différents services de police, de gendarmerie, des douanes, avec la cellule du renseignement opérationnel sur les stupéfiants, et coordonnées par l’office anti-stupéfiants (OFAST) implanté depuis 2020 à La Réunion, a permis des saisis records et des résolutions d’enquêtes internationales.
La drogue n'a pas sa place à La Réunion, la drogue tue, elle est néfaste pour la santé mentale, notamment chez les jeunes. Ce que font les douaniers ici est exemplaire, et je tiens à saluer les forces de sécurité dans leur ensemble (police, gendarmerie, douanes) pour leur travail. Nous sommes fiers des résultats obtenus et nous restons vigilants" a dit Jérôme Filippini qui a aussi insisté sur la responsabilité des consommateurs.
"35% des Réunionnais consomment régulièrement du zamal, c'est un produit dangereux. La drogue a été responsable d'un mort sur cinq sur nos routes en 2022. Les consommateurs nourrissent le crime et nous allons intensifier la répression envers les consommateurs" a-t-il prévenu.
"La consommation de cocaïne touche tous les milieux"
Véronique Denizot, procureure de la République, a confirmé la détermination de l'autorité judiciaire à sévir: "La Réunion est notamment une terre de consommation de cocaïne, et ça touche tous les milieux sans exception. C'est un problème de santé publique et le trafic génère des profits considérables. Les trafiquants utilisent des mules qui peuvent mourir en ingérant des ovules, c'est l'exploitation de la misère humaine et c'est lamentable. Nous faisons régulièrement des comparutions immédiates afin de freiner ce phénomène, La Réunion ne doit pas devenir une terre de trafic" dit-elle.
Le trafic de stupéfiants est une affaire juteuse, les trafiquants ne vont pas s'arrêter, les consommateurs sont aussi dans le collimateur de la justice, les effectifs des stup' ont été renforcés, et d'autres moyens humains ont été demandés. C'est confirmé, les autorités ont fait de la lutte contre les stupéfiants une priorité et les saisies vont s'intensifier...
Aziz Patel
Photos Marcelino Aumord