Débarquée de l'avion à 14h, Michèle Mouton, 72 ans, était en pleine forme à 15h30 à la conférence de presse d'avant-Tour Auto dont elle est l'invitée et l'ambassadrice. "Il faut beaucoup vous aimer pour faire ces 22h d'avion aller-retour" dit-elle. Surtout que le week-end dernier elle était en Estonie et le week-end suivant elle sera en Finlande. "Mais c'est un honneur car je garde de bons souvenirs de mon passage dans votre île".
C'était en 1977 pour le Tour Auto, où elle avait couru pour Renault avec Jacques Henry. "On n'a pas gagné le Tour, mais je me souviens de l'ambiance extraordinaire, de l'accueil chaleureux, et des ti punch le soir..." Cette année-là, c'est le duo Hervé Knapick-Marceau Rivière qui avait remporté l'épreuve au volant d'une Opel Kadett GT/E. "Tout a changé. A l'époque il y avait plus de convivialité, plus d'esprit d'équipe".
Pour la énième fois, Michèle Mouton a raconté comment elle a débuté dans le rallye. "Jeune, j'étais passionnée par le ski où vitesse et trajectoire -comme dans le rallye- étaient la clé du succès. On habitait dans le Sud de la France, et mon père adorait conduire, mais on n'était pas du tout dans le monde de l'auto. Depuis l'âge de 14 ans, je conduisais des voitures dans nos propriétés.
A 22 ans, un copain pilote qui courait en amateur m'a invité au Tour de Corse, et j'ai fait toutes les reconnaissances, assise à l'arrière de la voiture. A la fin, comme il ne s'entendait pas trop avec son co-pilote, il m'a proposé de faire le Monte-Carlo dans le baquet de droite. C'est ainsi que j'ai fait quelques rallyes".
Mamisoa Rajoel, Michèle Mouton, Muriel Rajoel, présidente de l'ASA Réunion, et Damien Vally, chef de ventes Leal Réunion
1982, année historique
Quand son père a vu sa fille se passionner pour les rallyes, il lui a proposé un deal: "Il m'a dit je t'achète une Alpine A110 et tu cours pendant une année, et si tu ne réussis pas, tu arrêteras. Il a été mon premier sponsor, mon premier manager. J'ai voulu lui démontrer que j'étais à la hauteur, j'ai participé à plusieurs courses dont le Paris-Saint Raphaël féminin en 1974, puis au Tour de France, j'ai gagné des rallyes, c'est ainsi que tout a commencé".
En 1975, Michèle Mouton participe aux 24 heures du Mans, l'année suivante elle était semi-pro avec Elf, puis avec Porsche en 1977. De 1978 à 1980, elle est embauchée par Fiat France, et en 1981, c'est Audi qui la recrute, avec déjà une première victoire au San Remo, devenant ainsi la première (et unique) femme de l'histoire à remporter une manche du championnat du monde des rallyes.
1982 sera l'année de la gloire, mais aussi de la tristesse. Au volant de son Audi Quattro, elle remporte trois rallyes du championnat du monde, Portugal, Grèce et Brésil. C'est lors de l'avant-dernière épreuve en Côte d'Ivoire qu'elle apprend, la veille du départ, le décès de son père. Michèle Mouton ratera de peu le titre de championne du monde, à 12 points de l'Allemand Walter Röhrl. Mais vice-championne du monde était un exploit!
C'est en 1986, après un titre de championne d'Allemagne avec Peugeot Talbot, et l'annonce par Jean-Marie Balestre, durant le Tour de Corse, de la fin des voitures du groupe B, Michèle Mouton a décidé d'arrêter la compétition: "Ca tombait bien car je n'avais pas choisi de faire ce sport, et ma vie de femme défilait à une allure folle, et comme je voulais avoir un enfant, c'est sans regret que j'ai arrêté" dit-elle, surtout que cette année-là son ami Henri Toivonen s'est tué en course au Tour de Corse.
Quand son père a vu sa fille se passionner pour les rallyes, il lui a proposé un deal: "Il m'a dit je t'achète une Alpine A110 et tu cours pendant une année, et si tu ne réussis pas, tu arrêteras. Il a été mon premier sponsor, mon premier manager. J'ai voulu lui démontrer que j'étais à la hauteur, j'ai participé à plusieurs courses dont le Paris-Saint Raphaël féminin en 1974, puis au Tour de France, j'ai gagné des rallyes, c'est ainsi que tout a commencé".
En 1975, Michèle Mouton participe aux 24 heures du Mans, l'année suivante elle était semi-pro avec Elf, puis avec Porsche en 1977. De 1978 à 1980, elle est embauchée par Fiat France, et en 1981, c'est Audi qui la recrute, avec déjà une première victoire au San Remo, devenant ainsi la première (et unique) femme de l'histoire à remporter une manche du championnat du monde des rallyes.
1982 sera l'année de la gloire, mais aussi de la tristesse. Au volant de son Audi Quattro, elle remporte trois rallyes du championnat du monde, Portugal, Grèce et Brésil. C'est lors de l'avant-dernière épreuve en Côte d'Ivoire qu'elle apprend, la veille du départ, le décès de son père. Michèle Mouton ratera de peu le titre de championne du monde, à 12 points de l'Allemand Walter Röhrl. Mais vice-championne du monde était un exploit!
C'est en 1986, après un titre de championne d'Allemagne avec Peugeot Talbot, et l'annonce par Jean-Marie Balestre, durant le Tour de Corse, de la fin des voitures du groupe B, Michèle Mouton a décidé d'arrêter la compétition: "Ca tombait bien car je n'avais pas choisi de faire ce sport, et ma vie de femme défilait à une allure folle, et comme je voulais avoir un enfant, c'est sans regret que j'ai arrêté" dit-elle, surtout que cette année-là son ami Henri Toivonen s'est tué en course au Tour de Corse.
Responsable de la sécurité en WRC depuis 13 ans
Michèle Mouton ne quittera pas pour autant quitté le monde du sport auto car en 1988, elle a été co-fondatrice de la Course des Champions (Race of Champions) aux Canaries, en mémoire justement de Toivonen. De 2000 à 2009, elle va participer à quelques rallyes ici et là, et en 2009, elle est nommée présidente de la commission "Femmes dans le sport automobile", fonction assumée jusqu'à fin 2021, laissant ainsi la place à Deborah Mayer, fondatrices d'Iron Lynx Motorsport Lab et du projet Iron Dames.
L'année suivante, Jean Todt, président de la FIA (Fédération Internationale Automobile), la nomme manager en charge de la sécurité en WRC, poste qu'elle occupe toujours aujourd'hui. Il y a 13 épreuves chaque année partout dans le monde, et Michèle Mouton est présente sur toutes les épreuves. Une vraie passionnée!
Elle se dit particulièrement fière du travail effectué au sein de la commission "Femmes dans le sport auto": "Je revendique un bon bilan, nous avons fait beaucoup de choses, notamment le challenge féminin avec la Ferrari Académie qui a permis à 4 femmes sur 70 de rejoindre la team Ferrari à Maranello. Début 2023, Lilou Wadoux, 21 ans, est devenue la première femme pilote d'usine chez Ferrari, c'est juste exceptionnel" dit l'ex-vice-championne du monde des rallyes qu'aucune femme n'a réussi à égaler 40 ans après son titre.
"Le bruit du moteur, une adrénaline"
Que pense-t-elle de l'électrique en rallye? "Pour moi, une voiture c'est l'esthétique et le bruit du moteur. L'électrique en rallye est dangereux, ce n'est pas sans risque. En plus on nous parle de la nécessité écologique, mais pour fabriquer les batteries, l'écologie a bon dos. Je suis contre, mais si ça devient une obligation, il faudra s'adapter".
Heureuse d'être présente sur le Tour Auto pendant 3 jours, Michèle Mouton est une femme qui ne regrette jamais ce qu'elle décide. Son prochain challenge? "J'ai 72 ans, un jour de déciderai de tout arrêter, et le challenge sera de m'occuper de mes petites-filles..." Mamie Michèle aura de quoi leur raconter de toutes ses aventures de rallywoman...
Je ne pouvais pas mieux terminer cet article sur Michèle Mouton, une pilote que j'ai toujours admirée, ayant moi-même participé à plusieurs rallyes à La Réunion dans une autre vie. Bravo madame!
Aziz Patel
Photos Marcelino Aumord
Aziz Patel a-t-il recruté deux nouvelles miss? Elles sont belles, mais non il était là en tant que journaliste pour Exclusif Réunion...